Essai : Cinelli Vigorelli Shark

Chez VdR on aime toutes les formes de vélos, et la pureté d'un pignon fixe n'est pas pour nous déplaire. Aboutissement croisé du vélo de piste et de sa version des rues, le Vigorelli Shark se situe au sommet de la chaine darwinienne, prêt à avaler tout ce qui pourrait le devancer.
Publié le 27/04/2021 17:30 - - 2 commentaires

Cinelli a eu une longue tradition de vélos de piste... Mais en bon industriel italien, la tradition n'empêche pas d'avoir du flair, et Cinelli fut l'un des premiers à sentir le vent du pignon fixe urbain se lever il y a quelques années, puis tourner vers la pratique extrême du critérium outdoor en fixe !

Le Vigorelli Shark est l'aboutissement de ces évolutions, un vélo qui à l'ambition de performer aussi bien sur vélodrome que dans les rues, empruntant, pour ce faire au vélo de piste traditionnel, autant qu'au vélo aéro moderne.

Pedigree

Déjà, saluons la présentation de ce vélo particulièrement soignée ! Les tubes aéros, le passage de roue arrière, la peinture avec sérigraphies oil slick... les détails ne manquent pas, et tous les éléments clés attendus d'un pignon fixe haut de gamme sont présents, notamment les pattes inox remplaçables, qui donnent une touche soignée. Le cadre est annoncé à 1550 grammes en taille 54, la fourche 350 grammes, la tige de selle spécifique à 200 grammes... des poids très compétitifs pour la catégorie.

Il faut dire qu'il est réalisé en aluminium haut de gamme, issu de la série Columbus AirPlane (triple butted)

A noter également les emprunts à la route, avec une intégration aérodynamique soignée, une tige de selle aéro en carbone et des haubans abaissés, et l'originalité du prolongement du downtube sous le boitier de pédalier.

 

S'il est disponible en kit-cadre, le vélo de série tel que nous l'avons reçu est également un très belle affaire, en particulier pour l'usage indoor.

Pour un usage critérium, le kit cadre semble une meilleure base pour des montages de rêve... quelques exemples à ne pas manquer : #vigorellishark

 

 

Rien à dire. Les détails sont soignés ! Manipulé avec autant de soin, l'aluminium n'est pas moins noble que le carbone, surtout pour l'usage urbain, où le poids n'a aucune importance, tandis que la résistance aux impacts pourra être salvatrice.

 

 

Une géométrie "entre deux"

Le principe du pignon fixe et l'absence de freins sont déjà suffisamment casse-gueule pour ne pas en rajouter avec une géométrie de vélodrome.

C'est l'atout majeur du Vigorelli. Avec un angle de selle et de direction de 73,5°, et un déport de fourche de 45mm, c'est bien sur loin d'être un VTT, mais il assouplit (un peu) la géométrie piste traditionnelle vers un comportement plus prévisible.

Encore plus choquant pour les puristes, il est même dessiné pour accepter des pneus de 28mm (!) et non pas un, mais deux freins, comme tout vélo... à ce compte là, nous aurions même pu aller jusqu'à lui installer un porte-bidon, mais il est dépourvu d'insert !
 

Ainsi équipé, il est donc possible d'appréhender le Vigorelli Shark comme un vélo aéro moderne, d'utiliser des roues aéro larges et hautes avec des pneus de 28mm, et d'augmenter notablement son confort et son grip en courbe. Ce ne sont pas forcément les nécessités du vélodrome, mais des atouts majeurs en circuit urbain. Ajoutons que les freins, même s'ils n'ont pas leur place en course, sont également un bon point pour l'entrainement sur route ouverte, et faciliter les descentes, où les jambes sont mises à rude cadence.

La position reste malgré tout assez extrême, avec un drop qu'il faudra "juguler". Une potence "montante" à 0° et un cintre route seront sans doute utiles en dehors du vélodrome.

 

Non, un montage de frein ne réduit pas l'aérodynamique !

 

Un équipement prévu pour la piste

Si le cadre a été conçu pour un usage mixte, l'équipement de série est lui resté assez traditionnel : il est  particulièrement adapté comme montage de base, idéal pour l'entrainement sur piste dans un budget très restreint.

  • roues de piste Miche alu à profil intermédiaire. Moyeux en 100 et 120mm
  • pneus Vittoria Zaffiro 25. Des pneus assez raides et qui s'avèrent plus étroits qu'indiqué sur ces jantes
  • transmission Miche (pédalier / plateau / chaine /pignon) : Une transmission classique et solide.
  • le développement 48x15 sur des manivelles en 165mm s'avère bien adaptée à la piste, mais un peu gros pour rouler en extérieur.
  • cockpit à nouveau typé piste, avec une potence Cinelli plongeante et un cintre "Pista" magnifiquement galbé

 

Un budget très accessible

C'est une des grandes force de Cinelli de proposer des produits attrayants, parfaitement dans l'ère du temps, et à des prix qui les rendent facilement accessibles.

  • Le vélo complet à 1290€ !

Une transmission Miche 48x15 qui demande d'être un peu lancée

Les sérigraphies entre irisées et oil-slicks sont magnifiques

 

Sur la route : un cadre rigoureux !

Tester une telle machine demande à la fois de grands espaces, et une belle marge de sécurité.

Par chance la très belle piste cyclable qui relie Grenoble à Valence s'avère idéale pour se faire la main à l'abris du dénivelé et de la circulation.

 

Des kilomètres de pistes cyclables désertes... le terrain idéal pour prendre le requin en main

petite modif : ce n'est pas tous les jours qu'on améliore son confort en adoptant une potence -17° !

 

Avant notre départ, nous avons toutefois effectué deux modifications :

Tout d'abord, remplacé le cockpit de sprinteur, par une potence -17° et un cintre compact : le drop reste copieux, mais bien plus adapté à des sorties d'une heure ou deux ...

Enfin, toujours par sécurité, nous avons préféré remplacer les pneus d'orgine par des Conti GP5000 en 25mm plus dans l'ère du temps. Les jantes étroites ne leur offre d'ailleurs que leur section nominale, alors qu'ils sont généralement proche des 28mm sur nos jantes de route.

 

Nous voici donc bien installé, et confiant, n'ayant plus qu'à nous rappeler de tourner les jambes, tourner les jambes, tourner les jambes !!!

Et ça fonctionne. Bien sur le départ est prudent et les prises de vitesses mesurées, l'anticipation devient une religion. Néanmoins nous trouvons nos marques, et moyennant le calme de notre piste cyclable (et son bon revêtement), finissons par prendre une vitesse de croisière "normale" autour des 30-32 km/h

 

Le développement 48x15 s'avère un peu gros pour un usage routier, et ne favorise pas la vélocité, mais c'est bien sur le principe que de trouver ou adapter à sa forme et son niveau le développement du jour.

Dans l'idéal, nous aurions aimé jongler un peu avec différents rapports pour nous retrouver sur un tempo plus typé contre-la-montre. Nous avons au contraire travaillé l'endurance force, un nouvel atout !

 

Le confort est étonnant ! A priori un cadre aéro en alu n'est pas vraiment un modèle du genre, mais celui-ci nous a semblé très honnête, surement aisé par les haubans abaissé et la très bonne selle d'origine.

 

Pour le reste, comme on peut s'y attendre, le Shark est plutôt réactif, et hormis quelques grammes n'a pas grand chose à envier à un cadre carbone. C'est d'ailleurs certainement un indicateur à prendre en considération à l'achat. Si le prix peut motiver un premier achat dans le secteur, le cadre lui demande tout de même un peu d'expérience et une musculature adaptée. Les transitions (accélérations / décélérations) sont un peu plus brutales que sur sur un cadre acier. C'est vrai en général, mais sans boite de vitesse, c'est bien plus criant !

Le Shark est donc à la fois un peu exigeant à la prise en jambe, et un régal une fois lancé. Nous n'avons pas atteint un niveau d'aisance suffisant pour le tester en sprint, mais nul doute qu'il a de la réserve !

Rarement le rapport Look/Prix n'aura atteint de tels sommets !

 

En résumé

Le Shark nous a séduit !

Si ces équipement penchent plus du côté piste, sa géométrie, elle, incite à rouler en extérieur, et moyennant quelques aménagements c'est un rêve réellement accessible (D'autant que les composants pignons fixes sont nettement moins onéreux que leurs équivalents des grands groupes).

Avec sa géométrie et des pneus en 25 ou 28mm, la stabilité n'est pas très différente d'un vélo de route, et le confort suffisant pour des sorties de 2-3 heures.

C'est bien sur cet usage alternatif qui nous a séduit, car confronté à la classique problématique du vélo N+1, le Shark justifie son arrivée par une certaine polyvalence au-delà du vélodrome, et peut devenir un outil d'entrainement très appréciable, pour travailler force, vélocité, et qualités de rouleur (qui nous font défaut)

Au final, le plus important pour ce type de vélo, est sa capacité à faire évoluer sa pratique, autant physiquement qu'intellectuellement ! Pour une fois, l'apport ne se chiffre pas en gain de watt à 1 chiffre, ou en facture à 5 chiffres... mais permet d'élargir son expérience, ses perspectives et ses capacités physiques... à ce prix et avec ce look, difficile de résister !

 

 

 

  Vigorelli Shark de Cinelli

 

 

  Pitch : un pignon fixe taillé pour le critérium,

  mais aussi un passeport vers de  nouveaux horizons !


  Chiffres clés

  Poids : 7Kg300 (Medium sans pédales)

  Prix : 1290 €

  Prix Kit-Cadre : 873 €


  Points Forts

  • polyvalence indoor / outdoor
  • rapport Q/P
  • look !

  Points Faibles

  • équipement typé piste qu'il faudra adapter pour la route

 

 

 

 

 



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  • 2 Commentaires


    avatar  Publié le 2021-05-03 23:20:32 par titalain

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    avatar  Publié le 2021-05-03 23:21:00 par titalain

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