Mavic CXP Pro RDO : au service des artisans ! [MAJ]

Pouvoir bénéficier de jantes haut de gamme Mavic, c’était une requête formulée depuis des années par les artisans monteur. La firme d’Annecy a répondu à cette demande l’an dernier en lançant deux moyeux et quatre jantes destinés aux monteurs de roues. Désireux d’en savoir plus et surtout curieux de voir ce que cela donne en action, nous avons transmis un ensemble à l’Atelier d’Olive.
Publié le 16/06/2020 09:00 -
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Texte & photos : Amaël Donnet

 

Un petit rappel historique

De nos jours, Mavic est principalement connu pour ses roues complètes ainsi que pour sa gamme de vêtements. Mais de ses débuts en 1889 et jusqu’à la fin des années 1980, Mavic (Manufacture d’Articles Vélocipédiques Idoux et Chanel) étaient avant tout une marque de composants orientés vers la route et la transmission. La situation que nous connaissons actuellement est le résultat d’un virage pris dans les années 90 avec la sortie de roues mythiques telles la Comsic ou l’Helium. En proposant des jantes et des moyeux destinés aux monteurs, Mavic effectue ainsi une sorte de retour aux sources.

Pour le plaisir, voici quelques dates concernant la sortie de produit ayant participés à la renommée de Mavic :

  • 1934, premières jantes à boyau en aluminium
  • 1973, apparition des premières jantes anodisées (bleu, or ou argent)
  • 1974, sortie des jantes grises SSC Paris-Roubaix
  • 1975, arrivée des moyeux 500 dotés de roulements annulaires étanches
  • 1979, création des jantess GP4
  • 1982, la G40 est une jante à pneu sportive qui s’inspire de la GP4
  • 1984, la CXP 25 est une roue aéro qui dispose d’un profil profilé (25mm de hauteur) en carbone
  • 1985, arrivée des roues arrières pleines Comète et Challenger
  • 1987, moyeux 570
  • 1988, moyeux 530
  • 1993, roues à bâtons 3G
  • 1994, roues Cosmic
  • 1996, roues à bâtons iO
  • 1995, jantes en alu profilée CPX 30
  • 1997, roues Helium
  • 1999, apparition des roues Ksyrium et du tubeless dans le VTT

 

La gamme Mavic destinée aux monteurs

Notre présentation des moyeux 501-571 et des jantes Open Pro & CXP Pro Carbon UST

 

Mavic CXP Pro Carbon RDO

Pour avoir de bonnes roues, il convient en premier lieu de définir les critères du comportement des roues. Nous souhaitions avoir un ensemble orienté vers la compétition, de disposer d’une certaine polyvalence, de miser sur la fiabilité et la rigidité au détriment d’un poids record. Ensuite il faut adapter ceci selon sa morphologie et selon ses qualités physiques. Cela permet de déterminer de choisir les bons composants, puis ensuite on part à la recherche d’un bon monteur. Notez que ce dernier peut tout à fait procéder à cette analyse avec vous. C’est même conseillé ! Voici les composants Mavic que j’ai retenus :

  • Les jantes Mavic CXP Pro Carbon UST sont les dignes descendantes des CPX25 sortie en 1984 et des CPX30 en alu lancée en 1995. La version disque a une hauteur de 45mm et le profil est type NACA. Il s’agit d’un profil qui suit les directives des standards aérodynamiques développé par le comité consultatif national aérodynamique aux USA, cela tient compte des bords d’attaque et de fuite. La largeur interne mesure 19mm, à l’externe ce nombre se porte à 28mm. Le poids annoncé est de 450 grammes/pièce pour un tarif de 600 euros. Si ces jantes sont conçues à Annecy, leur fabrication est réalisée en Rounanie.
  • Les moyeux 501/571 sont usiné dans un bloc d’aluminium, ils reprennent la forme en sablier de leur illustres prédécesseurs. Le mécanisme de la roue-libre fonctionne selon le principes des rochets (ratchets). Le poids annoncé pour la version disque est de 123 et 253 grammes. 450 euros la paire.

 

 

Ces roues ont été montées par l’Atelier d’Olive , par le passé cette structure suisse se dénommait Les Roue d’Olive, ceci explique le lettrage RDO sur nos roues. Elle reste cependant d'actualité pour les roues. En concertation avec Olivier, qui monte des roues haut de gamme et qui construit des cadres en acier en sur-mesure, nous avons choisi de rayonner ces roues en 2X24 rayons Sapim CX Ray. Les rayons sont croisés par deux, ligaturés et la tension est importante (au maximum de ce qui est toléré par ces jantes). La ligature consiste à relier deux rayons via un fil d’étain. Certains pensent que la rigidité latérale progresse… Nous sommes sceptiques sur ce point surtout dans le cadre d'un tel montage,il y a éventuellement un certain gain dans la transmission du couple, mais le réel avantage réside qu’en cas de bris de rayon, ce dernier reste en place. Cela apporte également un look très artisanal à ces roues. La paire de roues affiche 1'590 grammes sur la balance (av. 770g, ar. 820g). Ce n’est ni super léger, ni super lourd, c’est en adéquation avec l’usage auquel elles se destinent.

 

Un montage tubeless aisé

Depuis 2017, Mavic a retravaillé le concept tubeless en réduisant notamment les tolérances vis-à-vis de la norme ERTO 700 et en modifiant le canal central et les flancs afin d’améliorer l’expérience d’utilisation de cette technologie. Cela fonctionne, nous avons installé nous pneumatiques Vittoria Corsa sans aucune difficulté avec la pompe à pied. Les pneus mis en place, nous avons injecté une bonne dose (35ml) de produit préventif Effeto Mariposa Caffé Latex . La marque Italo-Suisse a développé une application iCaffelatex (disponible Android et iOS) qui permet de doser précisément la quantité de préventif nécessaire. Histoire d’éviter d'assécher le liquide,  est préférable d’installer le préventif, en dévissant, l’obus de la valve après avoir fait claquer les pneus. Cela demande un peu plus de manipulation, mais le résultat est réellement meilleur. Le montage terminé, la tenue de la pression s’est avérée excellente. Pour la pression, l’application MyMavic  est une bonne base de départ. Nous avons effectué nos essais en mettant 5.3 bars devant et 5.5 bars à l’arrière.

 

En action : polyvalence et efficacité

L’essai s’est déroulé à la fin de l’hiver. Nous avons bénéficié de beaux jours pour rouler sur nos tracés favoris et nous avons effectué une semaine de volume à Calpe en compagnie de compétiteurs affûtés. C’était idéal pour repousser nos limites et pour brusquer ces roues.

En haut d’une belle bosse dans la région de Calpe. En compagnie de Gilles Mottiez, un jeune et talentueux crosseur qui court en Coupe du Monde.

 

Au début, nous étions à la fois inquiets et sceptiques de partir sur des pressions aussi basses que celles préconisées par l’application Mavic. Nous avions peur que le pneu bouge trop sur la jante, de perdre tant en sensation et en rendement. Nous avons baissé petit à petit les pressions, en partant de six bars pour arriver à 5.3 bars devant et 5.5 bars à l’arrière. Nos craintes n’étaient pas fondées, la sportivité était de mise et les gains en confort et en adhérence dans les courbes furent notables. On roule ainsi vite et plus longtemps car le confort est préservé.

Si ces roues s’emmènent facilement et qu’elles ne pénalisent pas le cycliste en cas de panne de watts, elles sont cependant plus rigides qu’explosives. Elles dévoilent tout leur potentiel à partir d’une certaine vitesse. A moins de 16km/h en bosse ou à moins de 30km/h sur le plat, on ne s’écrase pas mais les sensations ne sont pas folles. A bonne allure sur le plat et en descente, le profil de 45mm s’est montré diablement efficace. La nouvelle génération de jantes, larges et au profil NACA, donne l’impression de rouler des jantes très hautes tout en étant plus facile à manœuvrer et moins sensible au vent latéral.

Brillantes sur les terrains vallonnés, ces roues se montrent cependant relativement polyvalentes. Il est possible de les emmener en montagne ou sur des critériums sans jamais être pénalisés. Ce type de montage fera le bonheur des puncheurs et de ceux qui souhaitent rouler sans se poser de question. Pour conclure cet essai, nous sommes repassés en montage tubetype et en section de 25mm, mis à part le fait d’avoir l’impression des roues plus dures, ce retour en arrière ne nous a nullement séduit. D’après nous, le futur se dessine en largeur et en faible pression, et ce même pour un usage compétition.

 

A une époque pas si lointaine, il était possible de refaire le monde avec ses potes après une belle bataille de manivelles. Une bière sans alcool, évidemment !

 

Mavic artisanal VS Mavic de série

Notre montage marche un peu sur les plates-bandes du modèles Cosmic Pro Carbon SL UST Disc . Le prix et le poids s’avèrent relativement semblables, un peu plus de 1'500 grammes et un prix de +/- 2'000 euros. Les Cosmic disposent de vingt rayons droits. Sur notre montage, en adoptant des rayons coudés, on facilite le changement en cas de casse car les rayons ne sont pas spécifiques. De plus en augmentant le nombre de rayons et en optant pour une tension élevée, nous avons radicalisé le comportement de ces roues : elles sont devenues plus sportives, mais aussi un peu plus exigeantes à emmener. Ces roues sont donc moins tolérantes.

Entre ces deux roues, quel est votre choix ? Nous vous laissons débattre sur les commentaires ;-)

 

Découvrir les composants Mavic

 



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  • 2 Commentaires


    avatar  Publié le 2020-05-23 10:32:45 par Nervar

    Que sait-on de ces jantes MAVIC ?? MAVIC fabrique ses jantes ou est-ce des jantes génériques logotées MAVIC ?

    Pour ce qui concerne la ligature, je t'assure qu'il y a un réel gain de rigidité ! Alors certes, sur de bonnes roues de qualité déjà bien rigide, le gain ne se fait probablement pas ressentir et la ligature n'est meme peut etre pas utile dans ce cas (pour ce paramètre), mais essayes donc sur une paire de roue "molle", tu verras que c'est le jour et la nuit ! Je te dis ça suite a une expérience vécue sur des jantes rigida superchromix ... tu sais, celles en acier chromé, qui pèse un âne mort et qui ne freine pas sous la pluie et pas beaucoup plus sur le sec ... J'avais ces jantes sur mon vélotaf (peugeot 103 carbolite), et je voulais trouver un moyen pour que ses roues soient moins molles et optimiser un peu mon énergie. J'ai donc ligaturé les rayons, et bien la différence c'est faite nettement sentir !! Le jour et la nuit !
    avatar  Publié le 2020-06-16 11:25:42 par Krachy

    @Nervar ces jantes sont fabriquées par Mavic dans une usine en Roumanie. Les moyeux sont usinés en France et les rayons proviennent de Belgique. Il n'y a rien de générique sur ces roues cent pour cent européennes. Concernant la ligature, oui je parlais pour de bonnes roues modernes ;-)
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