Protocole du test
Les trois vélos sont de même niveau de gamme, les réglages et les pressions sont identiques. Nous avons roulé aux tempos I2-I3 en nous fiant à nos sensations, sans jamais jeter un œil sur les performances en course de route. Dans le cadre d’un objectif similaire, les vélos n’ont été pesés qu’en fin de sortie. En nous concentrant sur le ressenti de ces vélos, ce nous a permis de classifier en toute honnêteté ces trois vélos.
Profil de l’essayeur
Votre humble serviteur est à classer dans la catégorie des puncheurs, il apprécie les parcours casse-pattes, les critériums et quand ça virevolte dans tous les sens. En 2015, son temps de roulage correspond à vingt-quatre jours et il a gravi plus de 320'000 mètres de dénivelé positif.
Notre boucle emprunte quelques pasages du Tour de Romandie et d'autres bien plus corsé !
Le tracé
Plutôt court, mais intense… Notre boucle, tortueuse à souhait, est un récapitulatif de ce qu’il est possible de retrouver sur vos routes préférées. En 12’300m et avec 358m de D+, il parcourt une zone gravel épique, deux bosses, une descente sinueuse et un long raidillon de 30% à gravir comme on peut (souvent de travers). Le bureau alpin de Vélo de Route se situe dans un endroit merveilleux, ce dernier s’avère riche en parcours varié. Si l’UCI a déposé son centre dans cette région, ce n’est pas pour rien.
Defy Advanced / Pour rouler sans se poser de questions
La position relax et la bonne filtration des chocs, surtout au niveau du triangle arrière et de la tige de selle, font qu’une fois en selle on n’a plus envie de s’arrêter. C’est un vrai vélo d’endurance, on peut le comparer au BMC GrandFondo. Les bonnes rigidité latérale et axiale apportent un bon rendement, mais sa masse et ses roues relativement lourdes pénalisent la nervosité. Malgré tout, on prend du plaisir dans les bosses. Sans toutefois chercher les meilleurs temps, c’est en roulant au couple que le Defy s’avère le plus efficace. A coup sûr, c’est un parfait allié pour venir à bout de longues virées alpines. D’autant plus que c’est un excellent descendeur. C’est avec ce vélo que nous sommes descendu le plus prestement. Nous ne revenons pas sur une éventuelle dangerosité, ou pas, des freins à disque en cas de chute dans un peloton, mais force est de constater que la modulation de la puissance s’avère parfaite. Sur le plat, à partir de 35km/h, le Defy marque le pas. La faute incombe à une position trop relevée. Si c’était mon vélo, une potence dotée d’une angulation négative remplacerait la potence d’origine.
+ : excellent confort, rendement honorable, freinage efficace, le vélo d’endurance par excellence
- : manque de nervosité
En chiffres
- 30’03’’ minutes
- 245 watts de moyenne
Petit CV
- Cadre et fourche : carbone
- Groupe : Shimano Ultegra, 2X11
- Pédalier : 50X34 dents
- Freinage : disque hydraulique
- Jantes : alu
- Poids : 8kg330 avec pédales
Propel Advanced / L’aéro accessible
La première chose étonnante concerne la douille de direction, cette dernière se montre légèrement plus haute que sur le TCR. Sous ses allures de grosse brute, bien que plus raide que le Defy, le Propel nous a surpris pas son confort et son accessibilité. A son guidon on roule vite, sur le plat et les faux-plats, sans trop se dépenser. La vitesse acquise se conserve aisément et le bruit des roues est envoûtant. Magique ! Ses roues manquent de polyvalence, dès que la route s’élève, on perd de la vitesse sans avoir envie de lutter. On sent toutefois qu’avec des roues plus légères, ce Giant pourrait tirer son épingle du jeu dans les ascensions. Et ce, surtout pour ceux qui possèdent un pédalage régulier. Car ce Propel s’est montré plus rigide que nerveux. La transmission Di2 nous a séduit par ses changements de vitesses francs et par l’ergonomie des manettes tout simplement merveilleuse. Monté tel quel, ce Propel fera le bonheur de ceux qui roulent sur des parcours plats et moyennement vallonnés. Malgré les dires de certains, les freins V-brakes permettent de bien doser le freinage… Encore faut-il ne pas serrer le levier à deux doigts comme une brute !
+ : rouleur hors-pairs, accessible et confortable
- : les roues manquent de polyvalence. Mais peut-on reprocher cela à un vélo aéro ?!?
En chiffres
- 28’23’’
- 258 watts de moyenne
Petit CV
- Cadre et fourche : carbone
- Groupe : Shimano Ultegra Di2, 2X11
- Pédalier : 52X36 dents
- Freinage : mini V-Brakes
- Jantes : alu et profilage souple en carbone
- Poids : 8kg390 avec pédales
TCR Advanced / Pour les puncheurs aguerris !
D’allure plus frêle que le Propel et visuellement proche du Defy, le TCR cache bien son jeu. Rigide et ultra nerveux, c’est une arme pour les coursiers adorant les relances. Plus raide et moins confortable que le Propel, il se destine aux compétiteurs en forme, ce n’est qu’en brusquant qu’il se révèle réellement. Une bonne cadence de pédalage est nécessaire pour en tirer toute la quintessence. Sur le plat il n’a pas la facilité du modèle aéro, il faut constamment relancer pour conserver de la vitesse. Logiquement des jantes plus hautes amélioreraient ce point. Ce n’est pas le modèle le plus léger du marché, mais il ne s’écroule pas sous les watts à contrario de certains modèles ultralégers. Les sprints, les relances, les tourniquets et les bosses sont un régal à son guidon. Amateur de balade tranquille et cyclistes pas au top de leurs formes, passez votre chemin !
+ : très nerveux, rigide, ne s’écroule pas sous les watts, compétiteur hyper efficace
- : exigeant, manque de confort au niveau du triangle arrière et de la tige de selle
En chiffres
- Temps : 27’36’’
- 265 watts de moyenne
Petit CV
- Cadre et fourche : carbone
- Groupe : Shimano Ultegra, 2X11
- Pédalier : 52X36 dents
- Freinage : étriers classiques
- Jantes : carbone
- Poids : 7kg340
Notre verdict
Ces trois Giant sont vraiment différents, ils se destinent soit aux amateurs de longue distance, soit aux rouleurs ou à des compétiteurs expérimentés. Sur notre boucle d’essai, le TCR s’est montrée le plus rapide, malgré une circulation plus dense. A son guidon, on a vite fait de relancer à tout va. Sans une condition au top, on n’aurait pas fait le meilleur temps avec ce vélo, car il réclame du jus. Le rendement n’est pas qu’une affaire de poids et de rigidité, l’harmonie homme-machine n’est pas à négliger… C’est même un point primordial !
Revenons à nos moutons ! Avec le TCR, en 12km d’un parcours plutôt extrême, on a gagné 2’27’’ vis-à-vis du Defy, mais on a fourni 20 watts de plus. Sur le plat et dans les faux-plat, le Propel est d’une efficacité sans pareil, on traverse le vent sans effort, la vitesse acquise se conserve facilement. Par contre dans les bosses, on perd progressivement de la vitesse. Le Defy n’est pas l’arme idéale pour taquiner des chronos, mais son confort et son accessibilité sont de vrais avantages sur les longues distances. A moins de jouer la gagne sur l’Etape du Tour, c’est un choix de raison pour les cyclosportifs.