Une saison de cyclocross en CruX

Depuis septembre et le début de la saison de cyclocross, on a mis à l'épreuve un Specialized CruX Expert 2019. Quatre mois, une quinzaine de courses et 1000 km plus tard, on fait le bilan.
Publié le 07/01/2019 12:53 -
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Le vélo

C'est celui qui, même couvert de boue, attire la lumière et le regard. Vous avez peut-être croisé cet "Expert" sur des cross régionaux, en streaming lors d'une manche d'un Superprestige ou tout simplement sur veloderoute.com à travers nos diverses présentations. Le CruX Expert a toujours été un modèle populaire chez les compétiteurs, positionné en haut de la gamme Specialized cyclocross chaque année. Il n'est dominé que par le fameux S-Works. Mais le prestige du modèle S-Works est un peu galvaudé en 2019, en effet l'ensemble des cadres CruX 2019 disposent du même carbone FACT 11r. Par le passé, seul le S-Works avait le droit à cet ultime raffinement.

Concernant le tarif de l'Expert, il était de 4600 € au début de notre test en septembre dernier pour finir à 4700 € à la fin de l'année. Une centaine d'euros pour le consommateur mais au delà de la somme qui est relativement dérisoire par rapport au coût total du vélo, cela nous conforte dans l'idée d'un vélo de cyclocross s'achète bien en amont de la saison. En exagérant un peu, on vous conseillerait presque de chiner les occasions et les invendus en ce mois de janvier pour débuter sereinement la saison 2019/2020. La montée en gamme s'effectue de toute manière également sur les équipements, l'Expert 2019 est pour la première fois équipé de roues en carbone.

Nouvellement arrivées à la gamme Roval, les C38 participent probablement un peu à l'augmentation du tarif, en contrepartie elles offrent à ce vélo le label "Race Ready" pour qui veut courir en pneus. Parlons un peu du poids désormais, sorti du carton, notre CruX Expert a été pesé à 7,59 kg avec les pneus montés Tubeless mais sans pédales. Vous l'avez sans doute compris sur ce test, nous voulions un vélo prêt pour une saison entière de cross, Specialized nous a donc livré une paire de roues à boyaux de sa gamme Roval, les CLX 32. Avec ces roues, notre CruX Expert 2019 passe à 7,22 kg toujours sans pédales (ou 7,56 kg avec une paire de pédale Shimano XT). Clairement, c'est un vélo de cyclocross parmi les plus légers du marché. Pour ce qui est du reste de l'équipement, on retrouve un groupe Sram Force CX1, des périphériques Specialized en aluminium et en carbone pour la tige de selle S-Works. Passons premièrement en revue les pneumatiques d'origine sur ce CruX, les Tracer ainsi que le second profil utilisé durant ce test : les Terra.

Les pneumatiques

Pour faire une saison correcte et s'adapter à tous les terrains, il faut au minimum deux profils de boyaux ou pneus (voire trois) : ici à gauche le Terra et à droite le Tracer. Deux produits très opposés qui mériteraient selon nous d'être complétés par un troisième profil polyvalent type Dugast Typhoon ou Challenge Grifo. Un manque qui sera sans doute comblé vu à la vitesse à laquelle se développe la gamme pneumatique chez Specialized.

Commençons par le Tracer qui nous a accompagnés durant le début de saison et qui équipe toute la gamme CruX 2019. C'est un profil hyper rapide avec une bande de roulement très slick comme le montre ce cliché. Il affectionne les parcours secs et rapides, la sable et le roulant d'une manière générale, un vrai bonheur. Il permet, dans la version pneu TLR d'origine sur le CruX Expert, de rouler sur la route sans avoir l'impression d'être collé.

Le Terra est le profil accrocheur, pour ne pas dire 100 % boue, chez Specialized. Comparativement à un boyau Dugast coton que nous avons l'habitude d'utiliser, il est légèrement moins souple (la remarque est valable pour le boyau Tracer également). Pour obtenir la même accroche, il suffit cependant de légèrement baisser la pression d'environ 0,1 bar avec le Terra. En version pneu TLR, c'est un excellent pneu pour s'entraîner dans toutes les conditions avec une bonne résistance à l'usure. Pour cet usage, on peut facilement le conserver deux saisons.

La saison

L'Expert a eu droit à une vraie saison de cyclocross avec pas moins de 15 courses (parfois deux dans la même journée avec deux pilotes différents bien sûr), des sorties d'entraînement, un peu de vélotaf et des conditions météo très variées. On a failli croire que la saison allait se dérouler entièrement sur le sec pour finir comme souvent fin novembre dans les pires bourbiers.

Globalement, le vélo a bien résisté aux contraintes d'une saison de cyclocross. Il y a cependant certaines courses qui ont laissé plus de traces que d'autres, on pense notamment à la course des Championnats de France Masters à Beaumont-sur-Sarthe que l'on a courue entièrement avec ce vélo dans des conditions dantesques. On a pu noter à cette occasion que le dégagement au niveau de la fourche et des haubans était excellent, un vrai plus quand, comme c'était notre cas, nous n'avions pas de vélo de rechange au poste de dépannage; seul un saut de chaîne intervenu au niveau du plateau est venu perturber notre progression, mais comment s'en offusquer tant la boue (qui avait tendance à se compacter) était présente.

Entretien et petite mécanique

Nous avons listé les différents points où nous sommes intervenus (hors lavage) pour palier aux petits problèmes rencontrés au fil de la saison.

  • On a changé les deux paires de plaquettes de frein, impossible de faire la saison complète avec les plaquettes d'origine. Il faut vraiment surveiller l'usure, car lorsque la garniture est trop fine, le ressort n'est plus maintenu et peut se tordre sur lui-même et abîmer le disque.
  • On a dû déplorer deux crevaisons, un pneu Tracer et un boyau Tracer. Si la première crevaison est surtout due à un coup du sort, la seconde avec le boyau est surtout de notre faute. Ne jamais rouler en boyau à l'entraînement, cette vieille maxime résonne encore dans notre tête ! Une erreur qui coûte cher vu le prix d'un boyau (92,90 €).
  • Notre pédalier Praxis a commencé à tourner avec difficulté, on a donc réalisé un démontage et un graissage. Lors de cette opération, on s'est rendu compte que la cuvette externe côté pédalier était desserrée. L'extérieur de celle-ci a même commencé à frotter sur l'intérieur de la manivelle carbone. Rien de bien méchant, sauf qu'il faut une clé spécifique Praxis pour pouvoir réaliser le serrage du boîtier. Impossible d'utiliser là une clé classique Hollowtech 2. La bonne nouvelle, c'est que les roulements sont toujours bien fluides.
  • Dans la foulée de notre problème de pédalier, nous n'étions toujours pas satisfaits de sa fluidité après un nouveau dimanche de course. Second démontage pour finalement découvrir que cette fois, c'étaient les roulements des galets de dérailleur qui étaient complètement grippés. Nous avons alors démonté la chape et pulvérisé du WD40 directement sur les roulements partiellement couverts de terre. C'est une opération que nous aurions vraiment pu anticiper, d'autant qu'il faut dix minutes maxi pour la réaliser.
  • Attention à manipuler les vis Torx de l'étrier Flatmount avec la plus grande prudence. On est parti sur des mauvaises bases avec ces dernières, probablement aussi avec une clé légèrement abîmée, ce qui nous a valu d'en endommager une assez sévèrement.
  • À surveiller également, l'unique vis qui lie les rails de la selle avec la tige de selle S-Works. La selle a parfois bougé lors des courses, il faut dire que parfois la fatigue aidant nous sommes moins fluides et plus brutes lors des remontées sur la selle.
  • On a contrôlé l'usure de la chaîne avec l'outil Park Tool CC-3.2, le résultat nous a indiqué que celle-ci était encore opérationnelle. Un bon point.

L'idéal pour conserver son vélo en bon état toute la saison, c'est de pouvoir éliminer la boue avant qu'elle ne sèche, donc immédiatement après la course ou l'entraînement. Ensuite vient la phase du séchage et de la lubrification de la transmission. Ce CruX est un bonheur à laver, on en devient même presque maniaque pour faire briller à nouveau les superbes couleurs du vélo.

 

L'avis d'Étienne

Réaliser cette saison 2018/2019 de cross a été un vrai bonheur, avec un CruX Expert on est rarement pris à défaut. C'est le vélo parfait pour tous les parcours de cyclocross, agile, précis, on évolue au millimètre à son guidon. Un vélo facile également lorsque la pente est raide en descente et que l'on prend de la vitesse. On a apprécié son poids plume lors des portages ou durant les centaines de relances faites durant cette saison. On ne va pas revenir sur l'intérêt d'avoir des boyaux en cyclocross mais juste souligner l'excellent comportement des Roval CLX 32. Des roues que l'on a parfois malmenées sur les bordures de ciment, mais qui ne présentent pas de trace ou même de fissure comme on a pu en faire sur d'autres jantes carbone. Les C38 se sont révélées parfaites pour rouler sur des circuits secs couplées avec les Tracer, mais aussi pour s'entraîner sur route. On reparlera de ces roues ici même, car nous les avons conservées pour équiper un autre vélo et ainsi approfondir leur test.

Par rapport à l'ancien châssis du CruX, on note un léger gain de confort à l'avant comme à l'arrière. Moins exigeant, ce CruX Expert 2019 va être plus permissif en fin de course et permettre à son pilote de finir avec plus de fraîcheur. Pour ce qui est de la transmission Sram Force CX1, pas de surprise pour ce groupe que nous connaissons bien, son gros atout demeure avant tout sa fiabilité au détriment peut-être d'un fonctionnement un peu sec.

L'avis de Julien

Etant possesseur d'un CruX Expert de la précédente génération, j'étais curieux de confronter mes sensations avec cette version dernier cri. Bon, avant toute chose, il faut rappeler que les deux vélos sont difficilement comparables "bruts de décoffrage", le nouveau Spé se dotant de roues en carbone (à pneus) alors que l'ancien était équipé de cercles en alu très corrects pour l'entraînement, mais limités en course. Point positif du changement opéré : l'actuel Expert est quasi prêt à courir si l'on ne fait pas une fixation sur les roues à boyaux... qui apportent toutefois un sacré plus en CX. Point négatif : le nouveau prend quasiment 1000 euros de plus par rapport au précédent. 

On mettra donc de côté le train roulant pour se concentrer uniquement sur le cadre. Et là on ne peut que s'en réjouir, Specialized n'a pas introduit ce nouveau CruX uniquement pour le plaisir de changer : on sent clairement une différence de comportement sur le vélo. Le Spé nouvelle version monte clairement d'un cran en terme de performance. Le cadre est une parfaite alchimie entre rigidité et confort. Il se montre extrêmement réactif et efficace au pédalage, sans être trop exigeant. L'ancien CruX n'était lui pas trop raide, mais on pouvait peut-être lui reprocher de manquer un poil de tenue sur les relances les plus brutales. 

Specialized semble donc avoir revu sa copie sur cet aspect, les évolutions au niveau de la géométrie contribuant elles aussi à donner un tempérament de coursier au nouveau châssis. La position sur le vélo est plus allongée avec un top tube qui gagne quelques millimètres, quand au triangle arrière, il semble gagner en réactivité. Au final, le nouveau CruX fait moins de place au compromis et quelque part tant mieux car celui qui achètera un tel vélo le fera d'abord dans une quête de performance. Dans ce registre, on n'est clairement pas déçu !

Présentation de la gamme Specialized CruX 2019 ICI

Comparaison entre le CruX 2018 et le CruX 2019 ICI

Les remerciements

Nous voulions remercier Specialized France pour la mise à disposition du CruX Expert 2019, de la paire de roues Roval CLX 32, des boyaux Specialized Terra & Tracer durant les quatre mois du test. La société Sram pour la fourniture d'une cassette et d'une paire de disques pour les Roval CLX 32 et enfin à Gérard Briand pour ses clichés réalisés chaque week-end sur les courses franciliennes.

"T'es un gagnant Serge en CruX Expert"

 

 

 



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