Essai - ITW : Absolute Black 48x32

Et si on reparlait Ovale et "sub-compact" à l'heure des grandes envolées alpines... ITW du Dr Fonda sur les études qu'il a réalisé en utilisant l'ovale Absolute Black dans son labo de l'université de Ljubljana et à 3462 mètres, au sommet de la pointe Helbronner !
Publié le 12/07/2020 06:31 -
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Nous avions déjà testé ces plateaux lors de leur sortie, mais les dernières recherches du Docteur Borut Fonda nous ont décidés à reconsidérer leur usage. Nous avions surtout été attirés par le couple 48-32 qui semblait un bon compromis pour des terrains montagneux ou du gravel. Nous n'avions pas nécessairement mis en perspective l'apport de l'ovalité dans le concept. Ce nouveau test a aussi été l'occasion d'aller plus loin dans sa compréhension, grace aux dernières expériences du Dr Fonda, et ses réponses à nos questions. Il est important d'ajouter que le Dr Fonda est un chercheur universitaire de l'université de Ljubljana en Slovénie, qui travaille également pour Absolute Black.

 

L'ITW du Dr FONDA

VdR : Tout le monde est acheteur de Watts "gratuits"... mais la réalité est forcément plus complexe. Pouvez vous nous expliquer ce que révèle votre test.

Dr Fonda : Nous avons voulu démontrer l'apport de l'ovale sur le long terme. Il n'est pas sérieux de tirer des conclusions lors d'un changement de matériel qui peut être bénéfique, ou non, voire placébo.

Alors nous avons donc pratiqué des tests sur un groupe de cyclistes entraînés depuis un an avec des plateaux Absolute Black. Le test consistait à comparer leur qualité de pédalage, sur les deux types de plateaux, lors de phases de test à environ 75% de leur puissance maximale.

Ce que ces tests ont montré c'est une amélioration de l'efficacité métabolique du pédalage, c'est à dire la répartition de la puissance sur un cycle de pédalage.

NDLR : Le "pedal efficiency" est bien connu des utilisateurs de capteurs de puissance qui l'affichent en temps réel. Sans rentrer dans une grande théorie, ce critère représente globalement la rondeur du pédalage, c'est à dire la capacité neuro-musculaire à délivrer sa puissance régulièrement lors d'une révolution de plateau.

Nous ne montrons pas un gain de puissance du cycliste, mais une répartition plus étendue dans le temps de la puissance délivrée sur un tour de pédale. La force intrinsèque du muscle ne change pas, ni le pic de puissance qui peut même être diminué, car plus étalé dans le temps.

 

VdR : cela semble positif, mais quel en est l'apport concret ?

Dr Fonda :  Tout d'abord, il faut noter que la capacité d'adaptation varie énormément d'une personne à l'autre. Cependant, globalement le corps humain s'adapte bien plus rapidement à une meilleure situation qu'à une plus mauvaise. Aussi quelque soit la qualité de pédalage d'un cycliste, issue d'une longue pratique, l'ovale un impact quasi immédiat et durable.

L'apport principal se situe surtout dans une diminution de fatigue : améliorer l'efficacité de pédalage revient à retarder la fatigue musculaire à un niveau de puissance donné.

Nous supposons que cela est du à une production énergétique plus efficace durant la phase descendante du pédalage, qui va diminuer la fatigue.

 

VdR : Votre deuxième étude menée en altitude est encore plus intéressante. Elle illustre d'ailleurs ce que l'on sait tous, à savoir que la qualité de pédalage se dégrade avec la fatigue jusque, à l'extrême, ne devenir qu'une succession de coup de pédales courts et heurtés

Dr Fonda : L'altitude extrême (3462mètres), exagère énormément la fatigue musculaire. Dans ces conditions, nous avons observé une baisse réellement spectaculaire de la consommation d'oxygène (9%) entre le rond et l'ovale.

Là encore, le gain ne s'exprime pas directement en Watts, mais en meilleure adéquation physiologique avec l'environnement. Le but n'est pas de montrer l'utilité de l'ovale en haute altitude, mais plutôt dans des conditions de fatigue musculaire importante, comme à la fin d'une longue journée de vélo.

Cela signifie que dans ces conditions d'endurance extrême, l'apport de l'ovale sera encore plus bénéfique qu'avec des jambes fraîches.

 

VdR : Avez vous constaté lors de vos études, une fréquence de pédalage optimale, où le corps s'harmonise le mieux avec l'Ovale ?

Dr Fonda : Non, nous n'avons pas identifié de cadence particulière. Ce que nous observons par contre c'est qu'il est plus aisé de maintenir une cadence donnée, que ce soit soumis à la fatigue, ou à des éléments extérieurs, comme des zones pavées par exemples.

 

 

 

Notre expérience

Après avoir utilisé ces deux plateaux pendant plus de 2000km, nous avons de notre côté noté un gain évident en fluidité de pédalage.

Nous n'avons eu aucune difficulté à nous adapter et à noter une meilleure fluidité de pédalage dès la première monté, c'est à dire une sensation de facilité a tourner les jambes.

Une notion moins tangible que des Watts, mais qui nous semble importante.

Il nous arrive d'ailleurs très fréquemment d'utiliser l'ovale pendant 10 jours et repasser à un pédalier standard, ou l'inverse, sans aucune difficulté, le cerveau se recalant en moins d'un kilomètre. Nous connaissons aussi bien des cyclistes qui :

- soit n'ont jamais réussi à s'adapter à l'ovale.

- soit n'ont senti aucune différence

 

Côté mécanique

Sur le plan mécanique, nous avons été déçu par la relative souplesse du gros plateau. En dépit du beau travail d'usinage, la rigidité latérale est inférieur à celle d'un plateau Shimano. Rien de dramatique, mais les changements de vitesse sont légèrement moins francs.

Cependant, l'usage du 48-32 n'est pas si simple.

Sur des parcours plats et vallonnés, le 48 est très commode, utilisé pratiquement comme un "mono-plateau" il permet de ne pratiquement jamais recourir au 32. Et tant mieux car l'écart 48-32 est réellement important, ce qui casse le rythme, et le 32 réellement petit pour un usage courant.

Il n'est malheureusement pas possible de combiner 48 et 34, ce qui aurait été idéal en terrain vallonné.

 

Mais c'est surtout en montagne que son usage se justifie, notamment sur les cols à la fois longs et raides, où  des rapports suffisamment petits permettent de doser son effort plus finement. Il va de soit que le cycliste condamné à rouler plus de 2 heures sur son 34x25 ou 34x28 n'a pas d'autres alternative que la danseuse pour soulager un peu ces muscles.

à l'inverse, sur un 32, en particulier avec une cassette 11-30 ou 11-32, on a le loisir de tomber un rapport quand la pente repasse de 13 à 11%... une subtilité qui prend beaucoup de sens quand on est en selle depuis 5 ou 6 heures... dans ces situations le 32 est un vrai atout, trop négligé. Il suffit de se poster au sommet d'un grand col pour vérifier que très peu de personnes les atteignent dans une cadence "convenable"...(pour ne pas dire que la plupart des gens semblent plutôt faire des exercices de musculation que du vélo)

Mais d'un autre côté, qui dit longues montées, dit aussi longues descentes... et si vous êtes amené à descendre 40km ou plus de vallée, qui plus est vent de dos, il est probable que le 48x11 vous laissent sans pouvoir tourner les jambes pendant longtemps, ce qui est particulièrement désagréable et peu propice à la récupération (ni aux attaques;-)

L'usinage d'une plaque d'aluminium ne peut atteindre la même rigidité que les plateaux Shimano forgés dans un volume 3 fois plus important.

 

En résumé, si nous avons apprécié l'ovalité, le caractère "mono-plateau" du 48 sur les parcours plats et vallonnés, et le 32 sur les longues montées... l'ensemble manque de polyvalence.

Au terme du test, nous sommes convaincus par l'ovale, mais lui préférions un plus classique 50x34 qui sera plus polyvalent.

Pour la montagne, les développements 32x28, 32x30 et 32x32 sont néanmoins très appréciables, et aussi pour retrouver fluidité ET cadence, nous serions plus partisans de passer à une cassette 11-32 à minima.

Mais dans les plus haut cols, et toujours dans l'esprit de "cultiver sa fraicheur", nous irions même jusqu'au dérailleur chape longue, et une cassette 11-34 ou 11-36 pour tirer parti au mieux du principe.

Quelle que soit la solution finale (48x32 ou 50x34), l'ovale combiné a un "modeste" braquet ne peuvent qu'aider à atteindre les sommets avec plus de constance et de satisfaction.

 

 

Conclusion. Nous apprécions l'approche scientifique d'Absolute Black qui ne sort pas des Watts d'un chapeau. Au contraire, AB tente de vulgariser des concepts plus subtils dont les effets réels ne se manifestent pas de façon tangible. Le gain réel pour des cyclistes ordinaires ne sera pas de rouler "plus vite"..., sera plutôt d'être un peu moins épuisé, et d'éviter la crampe, lors d'une journée plus dure que les autres.  Pour ses raisons, il est assez vain de chercher une "amélioration" immédiate. Selon notre expérience, c'est du côté des sensations de pédalage, et de la fluidité qu'il faut recevoir l'apport d'AB. Travailler son pédalage, que ce soit en pignon fixe, en home trainer ou en ovale est aussi un aspect important de l'entrainement que les gains purement physiologiques... bref un travail de longue haleine dont les fruits ne se récoltent pas en une journée...

 

 

 



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  • 1 Commentaire


    avatar  Publié le 2020-07-24 23:10:46 par Mamad

    In fine, vive le triple, non?
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