Du Mont Saint-Michel à Caen, itinérance express en Normandie

Pour ce second voyage en itinérance estival, nous avions pensé à la Normandie. Enfin l’autre Normandie, celle où l’on ne va pas spontanément. Du Mont Saint-Michel en passant par Cherbourg jusqu’à Caen. Nous vous invitions à suivre ce périple à travers la Manche et un petit bout du Calvados, entre Histoire, artisanats et terroirs.
Publié le 02/10/2021 09:49 -
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Cet article a été réalisé avec l’aimable participation de Moustache Bikes

Texte : Christophe Le Gall & Photos : S. Corradini

Notez que ce parcours s'adresse à des vélos polyvalents, Trekking, Randonneuse ou Gravel et qu'une partie des routes empruntées lors de notre périple n'est pas totalement adaptée aux purs vélos de Route.

 

Météo très favorable à l'arrivée au Mont Saint-Michel, de quoi partir à vélo effectuer une agréable visite de fin de journée. L'abbaye fermant tôt, il est préférable de vous y rendre dans l'après-midi.

 

Dimanche 22/8 - Le Mont Saint-Michel

En ce début de dimanche après-midi, c’est sous un ciel incertain que nous avons quitté la Région parisienne et pris la route de la Normandie. Le soleil joue avec nous sur l’A13. Sortira, ne sortira pas ? Au niveau de Rouen, une timide amélioration puis à nouveaux nuages gris. Le vent souffle fort, c’est le prix à payer pour avoir un ciel dégagé et finalement, l’arrivée dans la Baie du Mont Saint-Michel se fait sous un soleil généreux. Un nouveau coup de bol météo après notre escapade sur la cote d'Opale début juillet.

La Merveille apparaît au loin 
Au détour d’un virage, le Mont Saint-Michel apparaît au loin. Massif et majestueux. À chaque fois, je ressens la même émotion en le voyant. Que l’on soit croyant ou non, on se retrouve face à quelque chose qui nous dépasse, et qui, pour ma part, m’apaise. 
Tout a changé depuis ma dernière venue, les parkings sont mieux organisés et nous devons franchir une barrière pour rejoindre la zone où se situe les hôtels, un pôle restauration et des galeries marchandes. L’ensemble est plutôt bien intégré et ne dénature pas le paysage.  
Nous récupérons nos chambres à l’Hôtel Vert et nous partons à vélo direction le Mont afin de profiter au maximum de la belle lumière de cette fin d’après-midi.
Nous pédalons contre le vent et à contre sens du flot des touristes qui quittent le Mont.
Nous laissons les vélos dans un parking adapté sur l’entrée gauche du Mont. 
Il y a du monde dans le Mont, mais j’ai connu pire. Au moins, nous pouvons avancer sans se marcher sur les pieds. Il est un peu plus de 18 H et il y a déjà la queue devant les restaurants. Malgré les restrictions COVID, je suis surpris du nombre de touristes étrangers présents. 

Effets de Manche 
La lumière est belle en ce début de soirée, idéale pour de belles photos.
De notre vaisseau de pierre nous observons le flux de la marée montante. Je ne sais pas si elle remonte vraiment à la vitesse d’un cheval au galop, mais tout ce que je peux dire c’est que ça va vite, très vite même. Le courant dessine des arabesques sur les bancs de sable offrant un spectacle sans cesse renouvelé. Des chants nous parviennent de l’Abbaye. Moment hors du temps.

En dépit d'une organisation adaptée à l'impressionnant flux touristique qu'il génère, le Mont Saint-Michel reste un lieu à la magie indiscutable qu'il faut absolument visiter


Encore quelques photos et nous rentrons à l’hôtel. Le repas est agréable au restaurant La Rôtisserie dans l'un des restaurants du complexe hôtelier. Là aussi beaucoup de monde. Les rires et les accents se mélangent. Douce soirée de fin de mois d’août.
Au lit pas trop tard car demain une grande journée nous attend.

Lundi 23/8 - Du Mont Saint-Michel à Cherbourg.

« Le Couesnon dans sa folie, mit le Mont Saint-Michel en Normandie. » 
Nous quittons le Mont par une voie mixte où se côtoient les piétons, les joggers et les cyclistes. Le Couesnon émergeant de la brume matérialise l’ancienne frontière entre les duchés de Normandie et de Bretagne qui se trouve à droite sur la photo.

Départ dans la brume matinale pour prendre la direction de du Cotentin

 

La rosée du matin ruisselle de nos casques, la température est fraîche.
Direction Villedieu-les Poêles, première étape de notre périple pour visiter la célèbre fonderie de cloches.
Lors de ma dernière escapade en Normandie, la fonderie Cornille Havard était fermée et j’avais été très frustré de ne pas avoir pu la visiter. Jadis, les fondeurs se déplaçaient aux pieds des églises pour fondre les cloches. L’avènement du chemin de fer a fait que les hommes se sont fixés et que les cloches se sont mises à voyager pour rejoindre leur destination finale.

Ambiance authentique dans l'ancestral atelier de la fonderie de cloches Cornille Havard à Villedieu-les-Poële
 

Il m’est impossible de vous résumer les processus de fabrication ainsi que le nombre d’étapes qu’il faut pour la genèse d’une cloche. Il y a là un mariage du meilleur des savoir-faire ancestraux et des nouvelles technologies. L’excellence est omniprésente
Ainsi le bois, l’argile et la cire se mélangent avec le métal en fusion pour créer une cloche. Ici, on laisse le temps au temps et chaque intervenant maîtrise son art. Chaque cloche qui est un objet sacré est baptisée et possède un son unique, reconnaissable. Tous les gabarits sont soigneusement étiquetés et conservés.
L’atelier, dans son jus, est superbe. Le sol est en pavés de chêne, les fours et les forges sont patinés par le temps et par les mains des ouvriers. Le savoir-faire de la fonderie s’exporte ainsi dans le monde entier. Vous pouvez vous même si l’idée vous parle vous faire fabriquer une cloche. La visite dure un peu plus d’une demie heure et se termine par des petits films puis par un détour à la boutique. Vous passerez un excellent moment et vous apprendrez plein de choses. C’est vraiment à faire.

La visite de la fonderie est particulièrement intéressante et le lieu est beau et chargé d'histoire

 

Nous déjeunons d’un sandwich sur la place principale car le programme de l’après-midi est copieux. Les vélos attisent la curiosité des passants qui viennent nous poser des questions sur notre périple et nos montures. 

A l'approche de Coutances, on aperçoit d'emblée la silhouette de la magnifique cathédrale
 

Direction Coutances pour admirer la cathédrale qui est avec le Mont Saint-Michel le plus fameux fleuron de l’art gothique normand. Le parcours est vallonné. La cathédrale, véritable dentelle de pierre est monumentale. À la fois massive et aérienne, elle en impose. Là aussi, le bâtiment vaut le détour. Comme il est presque l'heure du goûté, nous faisons la pause de l’après-midi chez Les Pipelettes, charmant petit salon de thé. Le gâteau à la carotte et le fondant amande abricot sont délicieux. Le tout servi avec un excellent cidre houblonné nommé La Taloche qu’on ne peut que vous recommander de goûter. Nous voilà parés pour le morceau de bravoure de l’après-midi : rejoindre Cherbourg.  Il est 16 H passées et il nous reste 87 Km à parcourir !

Pause agréable pour le goûter à Coutances chez les Pipelettes. Une adresse très sympathique que l'on vous conseille

 

Ce n’est pas la première fois que je prépare des parcours en itinérance. Généralement, je suis raisonnable dans le kilométrage des étapes ; mais là, j’ai buggé. Je m’en suis aperçu 2 ou 3 jours avant le départ en revérifiant l’itinéraire. Je ne sais pas où j’avais la tête en faisant le parcours. Toujours est-il qu’il y a un peu plus de 180 km à parcourir ce jour et pas question de ne pas assumer.

Comme dans d'autres régions, une voie verte emprunte le tracé d'une ancienne voie ferré dont on croise les ponts, gares et maisons de garde-barrière en direction de Cherbourg


Ça ne pose aucun problème à Sébastien, et heureusement j’ai un vélo à assistance électrique ! La chance est de mon côté car à la sortie de Coutances, nous empruntons une voie verte dessinée sur une ancienne voie ferrée allant à Cherbourg. Pendant un peu plus de 50 km la route est droite et plate ce qui nous permet de garder une bonne moyenne. Seules les barrières installées au niveau des anciennes gares et maison de garde-barrière devenues des d’habitation ralentissent le rythme. Je n’utilise l’assistance électrique que pour me relancer. Je la coupe une fois ma vitesse de croisière atteinte. La voie verte sous la frondaison est à l’abri du vent. C’est un peu monotone et pour ne pas penser aux kilomètres restant à parcourir, mon cerveau passe en mode introspection. J’ai faim et en prévision du final, j’engloutis mes barres et celles de Sébastien !
Nous nous arrêtons demander de l’eau à une dame qui gentiment remplit nos bidons d’eau fraîche et nous souhaite bon courage pour la suite du trajet. Sébastien arrive enfin à joindre l’hôtel puis le restaurant pour leur annoncer que nous aurons du retard par rapport au planning prévu. Un souci de moins.

On s'active avant la nuit sur la piste roulante. Peu après, le parcours devient sensiblement plus vallonné ef la moyenne tombe. Aïe !

 

1 Km de plus en moins
La voie verte se termine brutalement à un peu plus de 30 km de Cherbourg. Il me reste 2 barres de batterie. Le parcours change radicalement, nous ne faisons qu’enchaîner les montées et les descentes. De vraies montagnes russes sur des kilomètres !
J’économise mes forces, l’eau et la batterie. J’ai un coup de moins bien au moral et j’ai froid. Je serre les dents et chaque kilomètre parcouru est un kilomètre en moins. Je connais Cherbourg et je sais que les derniers kilomètres sont en descente pour rejoindre le port. Je m’accroche à cette idée d’autant plus que ça monte sévère par endroits et sur de longues portions.
La nuit tombe et il ne me reste plus qu’un trait de batterie. J’allume l’éclairage de mon Moustache X-Road.
Des côtes et des descentes. Encore et encore. Les descentes me permettent à peine de récupérer que déjà la côte suivante se dessine dans la pénombre. J’ai mal aux jambes et je me maudis intérieurement de mettre planté dans le kilométrage. 
Enfin nous arrivons dans la commune de la Glacerie point de bascule avant la descente finale sur Cherbourg ! Ma batterie est à sec, mon bidon d’eau également et c’est pareil pour moi. Dernière côte et miracle quand il n’y a plus d’assistance électrique sur le compteur il y en a encore ! Juste de quoi grimper la dernière bosse. Nous dévalons la descente sur Cherbourg et nous arrivons à 21H 35 au restaurant. Nous attachons les vélos. Le restaurant l’Équipage est situé en hauteur avec une vue panoramique sur le port et j’ai un mal de chien à monter les marches. Le restaurant est plein, l’accueil de l’équipe est très sympa et le patron est cycliste !
On passe à table dans nos belles tenues de cyclistes. Le repas très bon et chaud, me réconcilie avec la vie. Heureusement, l’hôtel Le Louvre est à 200 mètres du restaurant. Le veilleur de nuit, cycliste amateur lui aussi, est très sympa et nous prévient que le début du programme du lendemain est copieux !
187 Km au compteur ! Je n’ai jamais parcouru une telle distance. Je suis content d’avoir tenu le coup.
Je mets la batterie en charge, une douche express et je m’endors comme un bébé.


Mardi 24/8 - De Cherbourg à Isigny sur Mer
Même pas mal aux jambes au réveil !
Petit déjeuner copieux et nous quittons Cherbourg par une agréable piste cyclable qui longe la rade. Il fait frais et le ciel est gris à l’image de cet été décidément bien morose. Ça nous permet une reprise en douceur et de bien dérouiller les jambes avant d’attaquer les premières difficultés annoncées par le veilleur de nuit de l’hôtel. Nous passons devant l’arsenal et nous prenons la direction de La Hague pour voir le fameux Nez de Jobourg.

Notre visite du Nez de Jobourg nous aura exposés au vent et à une météo grise et fraîche, mais les petites routes peu fréquentées et les paysages du littoral méritaient bien ce crochet matinal

 

La route quitte le front de mer et ça monte raide tout d’un coup ! C’est reparti comme hier. Montées, descentes, montées, descentes. Pas étonnant que la Normandie soit une terre de champions cyclistes ! C’est vraiment casse-pattes. Je suis déjà en sueur. Notre ami de l’hôtel avait bien raison… Le réseau secondaire peu fréquenté est très bien entretenu. Un vrai bonheur à rouler. Nous sommes à l’abri du vent, les arbres se touchent formant de véritables tunnels de verdure.
Nous sentons que nous nous rapprochons de la côte car le vent se lève et maintenant il fait froid. La piste cyclable disparaît aux abords du site nucléaire de La Hague, peut-être pour des raisons de sécurité ? Nous faisons une pause pour enfiler nos hauts à manches longues. 
Nous retrouvons le balisage cycliste pour Jobourg. C’est beau même sous la grisaille, les falaises plongent dans la mer dans un décor de bout du monde. Nous descendons plusieurs lacets sur une belle et large route qui se termine brutalement sur une propriété privée… De ce côté-là la seule solution pour rejoindre le Nez de Jobourg est de prendre le Sentier des Douaniers. Impossible à faire avec nos vélos. Il y a certainement un autre accès pour le Nez de Jobourg mais nous ne l’avons pas trouvé.
La route du retour sur Cherbourg par le littoral est agréable. Nous passons non loin de la maison de l’immense poète Jacques Prévert. Il fait vraiment frais, nous décidons de manger chaud dans une crêperie située à quelques encablures de l’arsenal. Nous déjeunons en terrasse à l’abri du vent afin de garder un œil sur nos vélos chargés. Notre repas est rythmé par les salves à blanc des mitrailleuses lourdes qu’utilisent les marins à l’exercice dans l'arsenal voisin ! 

 

Une crêpe pour se réchauffer en repassant par Cherbourg avant de prendre la direction du Val de Saire

Le soleil revenu nous accompagne alors que nous pédalons vers Barfleur. Le vent aussi.

 

Il est 14 H et il reste 115 Km à faire pour rejoindre Isigny-sur-Mer.
D’abord timide, le soleil réussit à percer d’un coup les nuages. Il y a beaucoup de vent. Je me tartine de crème solaire sous le regard moqueur de Sébastien. Direction le Val de Saire et ses trésors.
Le vent venant du large souffle fort, avec nos sacoches nous offrons une belle prise au vent. Sans assistance électrique, je lutte contre le vent et ma moyenne chute à 17 Km/H ! Le vent souffle de face et latéralement nous renvoyant ainsi sur le bas-côté de la route. Nous quittons le littoral pour couper par la campagne et nous mettre ainsi à l’abri du vent… Ça commence par une belle grimpette peu après Bretteville pour rejoindre les abords du petit aéroport de Cherbourg-Manche entouré de champs.

Ça grimpe depuis le bord de mer dans le Val de Saire. On comprends mieux pourquoi la Normandie est le berceau de nombreux champions cyclistes. On a aussi nourrit une jalousie farouche des énormes et splendides massifs d'hortensias, présents tout au long de notre parcours, y compris dans des endroits peu entretenus


Le département de la Manche possède la plus grande surface maritime de France mais c’est aussi un département rural, une terre d’élevage et de cultures maraîchères. Ces deux facettes sont indissociables et vivent en harmonie. Nous arrivons à Barfleur surnommée à juste titre « La perle du Val de Saire » La lumière sur le port est magnifique, le décor est superbe. Pas étonnant que Barfleur soit une source d’inspiration permanente pour les peintres et les photographes.
Créée en 1865, Barfleur abrite en son sein la plus ancienne station des Sauveteurs en Mer de la SNMS.

Barfleur est un magnifique petit port très photogénique. Une belle carte postale

 

La pause cochonnailles
Nous pédalons quelques minutes pour aller au charmant village de Montfarville à la rencontre d’un monument gastronomique de la région : La Maison Debrix. J’ai connu cette institution dans une vie professionnelle antérieure et j’avais dit à Sébastien que c’était une étape à ne pas rater sur notre périple. L’extérieur est sobre et ressemble à beaucoup d’épiceries/charcuteries existantes. Mais à l’intérieur, officie Jean-François Debrix, Maître Artisan Boucher/Charcutier. Les nombreuses coupes et médailles attestent du savoir-faire de la maison. Pas moins de 160 coupes et médailles amassées dans des concours régionaux, nationaux et même internationaux. Jean-François est un habitué de la presse régionale et des émissions de télévision. Le boudin blanc est une tuerie, que dire du jambon d’York, des pâtés, etc… On a envie de tout goûter.
Nous profitons de la gentillesse de Mme Debrix pour recharger un peu ma batterie en vue de la fin d’étape. Normalement je passe, mais après la dure journée précédente, j’ai besoin de me rassurer. Nous faisons également le plein d’eau fraîche pour nos gourdes.

La boutique est modeste, mais elle recèle de trésors de cochonaille de très nombreuses fois primées. Une caverne d'Ali Baba pour les gourmets amateurs, un cauchemar pour les Vegans


Nous goûtons avec des sandwiches composés de belles tranches du jambon à l’os maison. 
Nous visitons l’église de Montfarville qui recèle d’exceptionnelles richesses artistiques. La voûte est magnifique et certains tableaux sont classés à l’inventaire des Monuments Historiques. 

Il n'y a pas que la charcuterie à Monfarville, le village abrite une magnifique église dont les riches peintures de la voûte sont classées à l'inventaire des monuments historiques


Je récupère un trait de batterie qui, psychologiquement, me fait le plus grand bien. Je ne risquerai pas de tomber en rade de batterie dans les derniers kilomètres. 

Nous repartons direction Saint-Vaast-La-Hougue élu plus beau village de France en 2019. Nous arrivons par un joli chemin côtier et l’Ile de Tatihou se dessine au loin. L’ambiance est festive, la musique est partout et ce 24 août marque la fin du Festival des Traversées Tatihou.

A l'approche de Saint-Vaast-La-Hougue, la piste longe le littorale offrant une vue sur le l'Ile de Tatihou connue pour sa flore exceptionnelle et sur la petite ville portuaire

 


Le Gulf Stream qui entoure l’ile permet la présence de plantes tropicales. Par marée basse, vous pouvez vous rendre à pied sur l’ile ou bien prendre le véhicule amphibie qui serpentera alors entre les parcs à huitres. A marée haute, ce même véhicule amphibie vous déposera sur l’ile depuis la jetée de Saint-Vaast. Impossible de passer à Saint-Vaast sans s’arrêter à la Maison Gosselin, célèbre épicerie fine fondée en 1889 et réputée pour l’excellence de ses produits. Cinq générations se sont succédées à la tête de l’épicerie qui est une véritable caverne d’Ali Baba. Les produits, regroupés par univers, sont savamment mis en valeur dans des décors très étudiés.

 

Incontournable à Saint-Vaast, l'épicerie Gosselin mise sur son prestigieux passé et ne passe pas inaperçue

 

Un 2ÈME contre la montre
Il nous reste un peu plus de 60 Km à parcourir pour rejoindre notre ville étape d’Isigny-sur-Mer.
Sébastien appelle l’hôtel pour dire que nous serons en retard par rapport au planning prévu et, là encore, ça ne pose pas de problème. Le restaurant prend des clients jusqu’à 21H30 et si nous ne sommes pas arrivés, nous aurons un plateau repas servi en chambre. Sympa. Comme hier, nous enchaînons les kilomètres avec tout de même moins de relief. Nous faisons un crochet par le célèbre village de Sainte-Mère-l'Église, histoire de vérifier que le parachutiste John Steele est toujours bien à sa place sur le clocher. Vérification faite, nous repartons.

Les ombres s'allongent, nous sommes en retard sur le planning et c'est un nouveau "contre la montre" qui s'engage pour rejoindre Isigny. On fait tout de même un petit crochet pour aller saluer John Steel toujours accroché au clocher de l'église de Sainte-Mère-l'Eglise depuis le tournage du film Le jour le plus long

 

Un Grupetto à moi tout seul
Nous traversons une partie du Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. La nuit tombe lentement et nous entamons le sprint final. J’utilise au mieux l’assistance électrique pour rester au contact de Sébastien qui file devant moi. Je ne pense qu’à une chose : arriver avant 21H30 à l’hôtel. J’ai ce délai en tête et je consulte ma montre toutes les 2 minutes et je me crée ainsi mon propre compte à rebours.
Nous arrivons à Carentan-les-Marais par le pont canal puis par le port de plaisance. Dommage que l’on n’ait pas le temps de s’arrêter.
À nouveau, j’active l’éclairage du Moustache. Les derniers kilomètres se font dans l’obscurité la plus totale sur des chemins très roulants.
En mode Finisher
Il est 21H26 quand nous pénétrons dans la cour de l’hôtel de France à Isigny-sur-Mer. On est large ! Le délai est tenu.
164 Km au compteur et il me reste 1 trait de batterie.
Nous installons les vélos dans la remise de l’hôtel et nous allons directement dîner.

Mercredi 25/8 - D’Isigny-sur-Mer à Caen.
Au départ de l’hôtel, nous passons devant la célèbre laiterie d’Isigny. Nous nous trouvons face à un imposant complexe industriel en cours d’agrandissement. Il y a un énorme décalage entre l’image des produits du terroir qui sont de très bonne qualité et l’usine ultra moderne. Nous logeons la N13 pour nous rendre à La Cambe afin de visiter un cimetière militaire allemand. Très sobre, il se dégage un incroyable sentiment de sérénité. Tout est épuré, les croix en granit noir sont discrètes comme s’il y avait une forme de honte à être là. Des 6 cimetières militaires allemands, celui de La Cambe est le plus grand. 21000 tombes. Vies fracassées, jeunesse fauchée. 17 ans, 40 ans, 57 ans ; les âges et les noms se mélangent. La mort ne fait pas de différence entre les « Bons » et les « Méchants ».

Un peu de légèreté avant d'arriver au cimetière allemand de La Cambe où le poids de l'histoire nous rend fatalement plus graves. Difficile de ne pas être ému par toutes ces vies brisées par la folie de la guerre

 

En repartant, nous longeons des champs fraîchement moissonnés. Inspiré par les belles meules, Sébastien improvise une version sportive du saute-mouton… Un peu de légèreté ne fait pas de mal. 
Nous repartons pour aller visiter la Pointe du Hoc située sur la commune de Cricqueville-en-Bessin. Située entre Utah Beach et Omaha Beach, la batterie allemande balayait les deux plages d’où l’importance vitale de la neutraliser pour le débarquement du 6 juin 1944. Vagues d’assauts incessantes des uns et défense désespérée des autres. Les cratères béants, les blockhaus disloqués témoignent de la violence inouïe des combats. Malheureusement nous ne pouvons pas accéder à La Pointe du Hoc avec nos vélos chargés de nos sacoches. La parking est un peu trop loin et laisser nos affaires sans surveillance n'est pas rassurant. Nous décidons de poursuivre notre chemin sans nous arrêter.
Voyageurs à vélo, ici comme au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, mieux vaut avoir laissé vos bagages en sécurité avant de vous rendre sur place avec vos montures.

 

Utah Beach, Omaha Beach, Pointe du Hoc, l'histoire du débarquement de 1944 est très présente partout sur le littoral

 

Bloody Omaha

Nous partons ensuite en direction de la plage d’Omaha Beach, lieu emblématique du débarquement s’il en est.
La plage d’Omaha s’étire sur plus de 6 km. D’après des experts, on estime que la plage a été recouverte d’une épaisseur de 1cm de poudre. On imagine la violence des combats. La première vague d’assaut a été fauchée et Omaha Beach n’a pas été prise. Là aussi tant de morts des deux côtés. Ici, cette histoire récente est encore très présente et les touristes sont nombreux à venir visiter les très nombreux aménagements commémoratifs. À la sortie de Colleville sur Mer, sur le parking du musée, les tanks témoignent de la mécanisation du conflit.

Nous quittons Omaha Beach par la route du littoral balayée par des rafales de vent incessantes. A la sortie de Saint Laurent-sur-Mer, nous apercevons le panneau de la Ferme Cidricole de la Sapinière. Impossible de faire un trip en Normandie sans faire une dégustation de cidre, ça frôlerait la faute professionnelle ! Le tout avec modération, bien entendu.
L’accueil est très sympa. La dégustation commence par un excellent jus de pomme, puis un cidre doux, suivi d’un cidre brut Cuvée Louise Gauthier en hommage à la grand-mère du propriétaire. Très équilibré, ce cidre est un régal. Nous terminons sur un Pommeau que nous ne connaissions que de nom. C’est ambré, boisé et surtout très bon.
Les touristes sortant de la visite du chai font le plein dans la boutique.

 

 Visite du chai de la Ferme Cidricole de la Sapinière. Du beau et du bon…

 

Nous filons vers Arromanches-les-Bains pour la pause déjeuner avant la visite du musée. À nouveau, les montées et descentes se succèdent. Le vent ajoute de la difficulté et m’oblige à utiliser l’assistance électrique. Nous déjeunons en terrasse à 20 mètres du bord de mer. Nous retrouvons sur la carte le cidre Cuvée Louise Gauthier ! Il est vraiment bon. Ça souffle tellement fort que les serveurs nous apportent les plats dos au vent et légèrement courbés dans une sorte de Moonwalk maîtrisé.

Nous visitons ensuite le musée consacré au port artificiel. 
La guide maîtrise son sujet. Le musée est très pédagogique avec des maquettes animées comme dans l’émission C’EST PAS SORCIER qui expliquent la construction et le fonctionnement du port artificiel. Par les larges baies vitrées du musée les vestiges du port artificiel sont devant nous et concrétisent magistralement la leçon d’histoire. À l’origine, il y avait 2 ports mais le premier Mulberry A (pour américain) en face de Vierville-sur-Mer a été balayé en quelques jours par la tempête entre le 16 et le 19 juin 1944. Heureusement que Mulburry B (pour british) en face d’Arromanches-les-Bains a résisté à la tempête.
Les meilleures compétences humaines et techniques de l’époque ainsi que des moyens financiers colossaux ont été mobilisés pour construire ce port d’une superficie équivalente à 700 terrains de foot qui a joué un rôle déterminant pour approvisionner les combattants en vivres et en munitions.

A l'image de Colleville-sur-Mer ou Arromanches-les-Bains, les musées sont nombreux tout au long de la côte normande avec plus ou moins d'intérêt selon les sites. Celui d'Arromanches est d'ores et déjà très intéressant et des travaux sont en cours pour améliorer encore l'accueil du public


La visite se poursuit avec des projections de films d'archives et des vitrines où l’on voit des uniformes, des armes et des objets appartenant aux soldats, puis il y a l'inévitable passage par la boutique. Après la visite, nous dégustons une glace artisanale sur le port avant de reprendre la route de Caen. La sortie d’Arromanches se fait par une montée terrible empruntée fin juin par les participants de la déjà mythique Gravel of Legend  

Sébastien pose pour l'occasion avec son maillot de la Gravel of Legend qui s'élançait de cette plage fin juin. Le temps d'une petite glace pour ce réconforter avant de s'attaquer à la belle grimpette qui mène sur la falaise où l'on reprend la piste en direction de Caen

 

Nous roulons sur des routes agréables à travers la campagne et nous croisons des monuments magnifiques tels que le monumental Château de Creully d'où furent diffusées les nouvelles de la bataille de Normandie en juin 44 et non loin duquel le général Montgomery avait installé sa roulotte-quartier général, camouflée sous des meules de paille.
L’énorme CHU de Caen que l’on voit de très loin me sert de repaire pour me dire qu’on se rapproche du but.
Nous arrivons à Caen par de belles pistes cyclables qui nous déposent au pied du Musée Mémorial qui est à faire absolument. Prévoyez au moins une demie journée pour la visite tant il y a de choses à voir.

Le Château de Creully annonce l'arrivée prochaine à Caen, au musée mémorial et au château de Caen

 

Notre hôtel Le Dauphin, installé dans une ancienne abbaye, est près du château fort qui regroupe désormais plusieurs musées, un restaurant et des aires de jeux et de détente très fréquentées par les familles et les touristes.
95 Km au compteur ce jour. Une promenade par rapport aux deux jours précédents. Il me reste 2 traits de batterie.
Enfin un soir où nous arrivons de bonne heure à l’hôtel ! Du coup, nous avons quartier libre avant le repas et nous en profitons pour faire un tour en centre-ville mélange de modernité et d’histoire. Le tramway passe devant la Maison des Quatrans érigée dans les années 1460. Nous descendons sur le port où des petites guinguettes ont été installées. Ambiance très sympa de fin d’été où les gens sont heureux de se retrouver pour boire un verre.

Entre le château, les ancestrales maisons à colombages et sa marina bordée de petites buvettes, Caen offre de quoi flâner agréablement pour cette fin de périple


 
Nous profitons ensuite d'un excellent dîner au restaurant de l’hôtel avec en point d’orgue les incontournables tripes à la mode de Caen. Un très bon Calvados en guise de digestif au bar de l’hôtel clôture agréablement ce périple normand

Le bilan 
446 Km parcourus en 3 jours. J’ai pulvérisé mon record et de loin !
3 jours d’itinérance en Normandie c’est bien mais c’est trop court tant il y a de choses à voir. Pour prendre le temps d’une visite plus approfondie, je pense qu’il faut rajouter au moins deux jours. Ces 2 jours vous permettront de mieux équilibrer vos journées en termes de kilométrages et de visites. Il faut aller dans les différents musées et pas seulement ceux consacrés à la Seconde Guerre Mondiale. Il faut prendre le temps de flâner sur les plages ou dans la campagne et prendre le temps de goûter les richesses du terroir normand.  

Pour aller plus loin 
La Normandie est une vraie terre de cyclisme. A ce titre, le département de la Manche vient d’être labellisé ESPACE CYCLOSPORT par la Fédération Française de Cyclisme. C’est le premier territoire du Grand Ouest à obtenir ce fameux label. Ainsi la région met désormais à votre disposition quatre itinéraires parrainés par des cyclistes professionnels. Il s’agit d’itinéraires « Route » de qualité, variés et sécurisés répartis en quatre niveaux de difficultés qui reposent sur les critères de la distance et du dénivelé.
Les itinéraires verts et bleus sont pour les familles et ceux qui pédalent pour le plaisir, l’itinéraire rouge est destiné aux sportifs et l’itinéraire noir est réservé aux cyclistes aguerris.
Pour plus d’informations sur le site Manche Tourisme


Remerciements :

Au commité régional de Tourisme de Normandie pour leur aide lors de la préparation de ce voyage. A Attitude Manche - Agence d'Attractivité de la Manche et Calvados Attractivité - Agence d'Attractivité du Calvados
À Moustache pour le prêt des vélos.
Aux hôtels et restaurants pour leur accueil toujours souriant, leur adaptabilité à notre planning fluctuant et nos horaires non conventionnels.

 

Merci à Moustache Bikes pour sa participation à la réalisation de cet article



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