Essai Stages Powermeter Left : le capteur de puissance en toute simplicité

Il n'est pas un secret que la rédaction de veloderoute est plus inspirée par le vélo libre, la diversité, les beaux vélos, les voyages... que les gels énergétiques, les chaussettes de compression et... les capteurs de puissance. Pour autant, nous ne sommes pas du genre à économiser nos Watts et aussi curieux de les dépenser a bon escient ! Pour en savoir plus sur nous même, nous avons fait nos premières armes dans le monde de l'entraînement scientifique.
Publié le 07/04/2020 09:00 -
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Bon vous l'aurez compris, sans être "contre" l'idée d'entraînement et de performance (bien au contraire !), nous ne sommes pas non plus pour la forme qu'elle a pris ces dernières saisons, ultra sophistiquée, normée, et allant jusqu'à rendre les courses de plus en plus ennuyeuses à regarder...

Pour autant, nous ne sommes pas prêt à mourir idiot, et avons donc entrepris la démarche d'étude du capteur de puissance.

La première étape était d'en sélectionner un, dans le choix pléthorique du marché.

Nos critères était très simples : trouver un appareil simple d'emploi et d'installation, compatible avec notre GPS actuel, relativement discret sur le vélo, abordable tout en étant performant. Nous étions pour cela tout à fait prêt à renoncer aux fonctions les plus sophistiquées, notamment à la mesure double côté (jambe droite + jambe gauche).

Bref un appareil simple performant et économique qui permette de se faire une idée réaliste de ce qu'il peut apporter à un cycliste "ordinaire", soucieux de ses performances et de ses progrès, mais sans pour autant renoncer à toute vie sociale ou à basculer dans l'autisme du monde des watts.

Hormis le sticker, la manivelle "Stages Left" ne présente que très peu de différence avec la manivelle qu'elle remplace.  Côté discrétion / intégration c'est un des capteurs les moins intrusifs du marché.

 

Notre choix : le Stages "Left" (Manivelle Gauche)

Pour toutes ces raisons de simplicité de prise en main et d'intégration nous avons sélectionné la solution "Manivelle Gauche" de Stages.

Stages est une entreprise basée dans le Colorado, et qui installe son capteur de puissance sur les pédaliers des grandes marques, et les revend ainsi modifiés. Le capteur était initialement installé dans le pédalier. Dans un soucis de faire évoluer son produit vers la mesure double, Stages a aussi développé un capteur de manivelle gauche. Il s'est avéré que ce capteur gauche s'est donc révélé moins coûteux que le droit, et pour autant également performant. Sans remplacer la mesure double côté, il est donc devenu un produit d'appel intéressant, d'autant que la marque a fait ses preuves côté précision. C'est tout de même la solution utilisée par l'équipe Ineos, qui s'y connaît dans les watts.

Il va de soit que la mesure du côté gauche, ou d'un seul coté en général ne peut soutenir la même "exactitude" que la mesure double, mais que dans la plupart des cas, la symétrie de pédalage est justement suffisamment symétrique, ou en tout cas corrélée, pour que les résultats soient tout de même représentatifs et largement exploitables.

Il est évidemment vain de comparer vos 200W à vous, des 200W du collègue obtenu avec un appareil différent.

 

 

Cela étant précisé, l'ajout du capteur sur la manivelle gauche a bien des avantages sur son homologue côté pédalier :

- Budget : 399€ pour une manivelle gauche Ultegra. Et même à partir 299€ lorsque le système est installé sur une manivelle 105 !

- Discrétion. Le capteur est fixé à l'intérieur de la manivelle et pratiquement invisible sur le vélo. D'autant que la manivelle est identique à la manivelle d'origine, et disponible dans la plupart des versions courantes De Shimano, Sram, Campa, mais aussi Cannondale, FSA, Specialized, Easton, RaceFace.

- Poids. L'ensemble est incroyablement compact et ajoute seulement 15 grammes à la manivelle d'origine, piles comprises !

- Autonomie des 2 piles plates CR2032, annoncée à 200 heures

- en version Shimano, la possibilité de transférer la manivelle Stages / Ultegra a un pédalier de Gravel GXR (voire a un pédalier VTT en XT sous réserve que le cadre le permette).

 

Pour le reste, il reprend le même fonctionnement que le modèle original qui équipait le pédalier, et la même connectivité, utilisant les normes ANT+ ou Bluetooth.

Les données sont donc affichées et enregistrées sur la quasi totalité des GPS du marché.

Et elles sont donc "visionnables" avec le logiciel maison "Stages Link", mais aussi des logiciels plus courants comme Training Peaks, Strava, ou Garmin Training Center (et d'autres)

 

 

Chirurgie : c'est à l'intérieur de la manivelle que l'on peut voir le capteur Stages. Après opération d'une manivelle d'origine, Stages greffe ses 15 grammes d'électronique.

 

Installation : on ne peut plus simple !

Démonter la manivelle d'origine et la remplacer par la Stage.

Attention à vérifier que le cadre ne bloque pas le capteur (c'est parfois juste, et peut nécessiter l'utilisation d'une petite entretoise)

Connecter le GPS (un Garmin 520 Plus dans notre cas). Bonne surprise, le capteur est détecté du premier coup et la connexion se passe... comme on aimerait que ça se passe à chaque fois.

Étalonner le capteur depuis le Garmin. une opérations de quelques secondes à réaliser sans efforts sur les manivelles.

 

Il ne reste plus qu'à configurer son affichage de Garmin pour choisir les paramètres à observer

 

Dans notre cas, et après quelques essais, nous avons choisi de regarder simplement deux paramètres :

- la puissance moyenne sur 10 secondes. Ainsi lissée sur 10 secondes, le chiffre est plus stable, et plus facile à analyser durant l'effort.

- la cadence de pédalage. une autre information intéressante.

(Même si tous les paramètres ne sont pas affichés, tous sont enregistrés, et exploitables sur les applis dédiés)

 

Protubérance : dans quelques rares cas, le capteur peut venir trop près du cadre : un point à vérifier au moment de l'installation.

 

 

En route... faire connaissance avec ses watts et son "FTP"

Dans un premier temps, il est préférable de rouler "normalement", en prenant un peu connaissance de sa puissance / ses puissances dans différentes conditions typiques.

Il est également utile de poursuivre l'utilisation du capteur de fréquence cardiaque. En effet les logiciels d'analyse de puissance, (Celui du Garmin dans notre cas, mais tous reposent sur les mêmes principes) croisent les données communiquées (age / poids...) aux données mesurées de puissance et de fréquence pour évaluer nos performances.

 

Une fois passé la prise en main initiale, le principe d'entrainement repose sur la connaissance de son "FTP" (Functionnal Thresold Power) soit la puissance que l'on peut soutenir pendant 1 heure, exprimé en Watt plutôt qu'en fréquence cardiaque.

C'est donc très clairement le niveau de puissance que l'on adopte sur un long col, un niveau très élevé, mais soutenable.

L'intérêt est double :

- d'abord, ce FTP mesuré sur votre vélo est bien plus précis ou en tout cas réaliste que celui interprété par le pourcentage de la fréquence cardiaque maximale, ou d'un test sur home trainer ou tapis roulant.

- deuxièmement la puissance est la valeur réelle de notre effort, tandis que la FC, est une image physiologique de notre effort. Mais chacun sait que la même FC entre un début et une fin de col, ou un bon et un mauvais jour, ne produit pas du tout la même puissance, ou la même vitesse.

 

Pour connaître son seuil, il faut donc rouler, en conditions réelles. Stages recommande une longue montée (minimum 20 minutes) et extrapole la valeur sur une heure.

C'est bien sur l'idéal pour un grimpeur, mais ne nous semble pas une règle universellement pertinente.

il nous semble que le seuil d'un rouleur sera bien plus réaliste s'il roule sur le plat (vent de face si nécessaire) durant une durée similaire, tandis que sa puissance en montée, spécifiquement raide, ne révélera pas son domaine de performance.

 

 

Un point fort du système, est sa capacité d'extrapolation : même si vous n'avez fait qu'une montée de 15 minutes, ou plusieurs de 8 minutes, il arrivera à vous proposer un FTP cohérente. Avec l'expérience, puisque le seuil est recalculé à chaque session, les chiffres varient assez peu et sont cohérents d'une sortie à l'autre. Bien entendu, ils permettent aussi de mesurer l'évolution de votre FTP sur le long terme.

Le but étant bien entendu de faire progresser les watts correspondant à ce niveau d'effort, tandis que la FC, elle, restera relativement stable.

Après quelques centaines de kilomètres et une bonne compréhension des principes, l'usage du capteur de FC, devient petit à petit superflu.

Un discret capteur de puissance et une longue montée régulière sont idéaux pour faire connaissance avec sa FTP, valeur clé de l'entrainement moderne.

 

Exploitation

A l'enregistrement de session, le Garmin vous donne votre seuil du jour  (en général à +/- 2-3% du précédent), votre puissance/kilogramme, et votre FC au seuil

De retour à la maison les choses se gâtent.

En effet, jusqu'ici, nous étions dans l'enregistrement, maintenant nous passons à la phase analyse sur ordinateur !

 

Pour ce faire, il est utile de synchroniser son Garmin au logiciel Stages : Stages Link, qui est disponible en ligne (après avoir créer un profil)

Selon vos habitudes, et le degré de fluidité de votre système, vous allez donc enregistrer votre sortie dans Strava, sur la plateforme Garmin, et maintenant sur Stages Link. Quand rien ne fonctionne comme prévu, ce qui est notre cas, cela veut dire aller extraire le fichier du jour dans le volume Garmin, et le télécharger sur le site Stage.

En pratique un process fastidieux qui mériterait que le capteur lui-même est une connexion wi-fi et assure cette étape de façon transparente, sans dépendre du Garmin et/ou du téléphone.

 

 

Le Logiciel Stages de base vs Premium

Le but de la manip est donc de voir afficher vos efforts sur cette plateforme très sophistiquée. Dans sa version Premium, qui demande un abonnement, l'effort peut être littéralement disséqué.

Mais nous n'irons pas plus loin !

D'une part, parce qu'arrivé à ce niveau, il sera difficile d'aller plus loin sans coach spécialisé. Et d'autre part, parce que dans notre démarche d'une prise en main simple et intuitive, la partie Premium du logiciel dépasse clairement nos ambitions de rationalité : si l'on doit passer 20 à 30 minutes sur l'ordi pour chaque sortie... nous pensons "perdre" du temps précieux de roulage !

Retour à la partie basique, et constat affligeant : les informations disponibles sont les mêmes que celles affichées dans Strava. Il est donc possible de se passer de cette étape informatique fastidieuse et de retrouver dans sa session Strava les informations nouvelles, pour la session, comme pour chaque segment :

- la puissance moyenne et max

- la cadence de pédalage moyenne et max

Par ailleurs, la FTP,  FTP/Kg, et FC seuil restent disponibles en permanence dans le menu "Statistiques" du Garmin. (et aussi une estimation de la VO2)

C'est "peu" et à la fois beaucoup. Ce sont des informations objectives qui permettent de mieux se connaître, de travailler ses points "faibles" (VO2, FTP, force, vélocité, endurance...), et mesurer ses progrès.

 

 

Aller plus loin

Après un bon millier de kilomètres sous surveillance constante, notre avis est partagé.

- Savoir son niveau de puissance est effectivement très intéressant. Cela permet de corréler son effort à ses sensations du jour.

- c'est le point de départ d'un entraînement structuré (foncier à 70% du FTP, intervalles à 105% du FTP, force, etc...

- c'est un outil objectif qui permet de contrôler son effort dans la durée, et clairement limiter les sur-régimes (départ de course, groupe trop fort, arrivé de course, KOM...)

- c'est une mesure d'évolution dans le temps qui permet de voir les progrès sur le long terme

 

D'un autre côté, l'exploitation des courbes est un vrai métier, et la construction d'un plan d'entraînement basé sur des niveaux de puissance également.

 

Notre Bilan.

Sur le produit, la satisfaction est totale : la manivelle gauche Stages nous a permis d'apprivoiser le concept,  sans tomber dans la technologite aigue. La prise en main est réellement simple et intuitive, pour autant on sent qu'on peut aller beaucoup beaucoup plus loin si nécessaire.

Nous sommes nettement moins fan du logiciel Stages Link. Déjà parce qu'il constitue une nouvelle plateforme spécifique pas franchement intégrée, sans synchro wi-fi, et qu'il  demande de la synchronisation manuelle quand la technologie fait des siennes, sans apporter beaucoup plus d'information que celles affichées dans Strava. Ou plutôt si, plus d'information dans sa version Premium, moyennant un abonnement supplémentaire.

 

Sur la philosophie : menace sur la Grinta !

Les informations sont intéressantes, mais on peut aussi vivre sans ! C'est tout de même l'apanage du cycliste expérimenté, que de trouver le bon tempo, pour chaque segment d'une sortie, avec une précision proche de celle du capteur. Rouler en permanence "dans les clous" est probablement très efficace, mais pour nous qui ne roulons pas pour travailler, c'est aussi renoncer au plaisir de rouler à la Grinta, au jour le jour, selon l'inspiration du moment. Bref une frustration permanente, très certainement proche de celle de l'équipier qui se sent dans un bon jour, mais que son capteur va empêcher de suivre son intuition.

Cependant, même les cyclistes les plus expérimentés, et y compris les pros, peuvent se faire piéger ! et par manque de lucidité, excès d'optimisme ou excès de prudence passer à côté de leur meilleur performance. Aussi dès lors qu'on vise à optimiser sa performance, que ce soit sur une longue sortie, une course, un KOM, le capteur permet d'être "un meilleur soi-même", ou plus modestement un soi optimisé, et ce, même avec un usage très basique d'un capteur... une expérience pas inintéressante !

 

 

Tarif : à partir de 299€ en version Shimano 105

Poids : 15 grammes

 

+

Installation-fonctionnement simple

Constance des résultats

Discrétion / Poids

Prise en main "basique" très rapide

Budget (à partir de 299€)

 

-

Absence de Wifi qui rend les échanges entre systèmes laborieux

Logiciel de base peu utile / Logiciel "Premium" payant par abonnement (en plus du capteur)

Exploitation fine nécessite l'aide d'un professionnel de l'entraînement

 

 

 

 

 


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