Coastal Pull - Death Valley

Lindsay Wetzel Polin et Max Polin nous amènent dans leur pérégrinations Gravel au cœur de la célèbre et redoutée Vallée de la Mort. De quoi s'évader un peu en cette période de confinement…
Publié le 05/04/2020 08:58 -
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La vallée de la mort n'a pas besoin d'être présentée, c’est l'un des parcs nationaux majeurs aux États-Unis depuis sa création en 1994, le plus grand après celui de l’Alaska. Situé à l'est de la Sierra Nevada, en Californie et débordant un peu sur le Nevada, au nord ouest de Las Vegas, le parc s'étend sur 13 600 km2 d’une nature particulièrement aride. C’est le désert des Mojaves. Le cœur du parc, baptisé « Death Valley National Monument » a été créé en 1933. 


A l’époque de la ruée vers l'or en Californie, au du milieu du XIXe d'innombrables âmes avides sont venues de l'Est, entreprenant le voyage dans ce monde inconnu de l'ouest, chargées sur chariots à roues en bois ou à pied. Parmi eux, certains avaient fait le choix malheureux de prendre le raccourci sur les désormais tristement célèbres Funeral Mountains (Montagnes Funéraires) et par le bassin de Badwater. Il furent piégés pendant plusieurs mois dans cette vallée sèche et presque dépourvue de toute vie animale ou végétale. Suite à cette période douloureuse, les pionniers quittèrent la vallée par le col de Wingate Pass en clamant « Goodbye Death Valley ! » alors qu’en réalité, un seul membre de l'expédition, âgé et malade, y était avait perdu la vie. Il faut dire toute de même que la région n’est pas des plus hospitalières. La vallée de la Mort détient notamment le record de chaleur absolue officiellement mesuré à la surface du globe avec 56,7 °C à Furnace Creek le 13 juillet 1913. En outre, lle parc présente le plus grand intervalle d'altitudes de la partie continentale des États-Unis. Le fond de la vallée de la Mort, mesuré à Badwater, est situé à 85,5 mètres sous le niveau moyen de la mer, alors que le Mont Whitney, situé à 123 kilomètres à peine, s'élève à plus de 4 400 mètres d’altitude !
Texte & Photos : Lindsay Wetzel Polin et Max Polin


 

Route menant au bassin de Badwater

 

S’il ne s’agit pas de la destination de villégiature la plus en vogue, le couple Lindsay Wetzel Polin et Max Polin se prépare avec enthousiasme pour une aventure à vélo Gravel dans la Death Valley. Ils nous racontent : 

“Le Gravel est le nouvel Eldorado, la nouvelle ruée vers l’or. Pas pour la richesse mais pour la découverte, pour ce qu’il nous apporte de doux et sucré. 
Check liste des provisions pour notre périple : deux Pivot Vaults équipés en Sram Force Etap AXS, Zipp 30 Course et de roues 303 Firecrest à jante de 40mm, ravitaillement Science in Sport, navigation et prise de data par Wahoo Fitness, casques et chaussures Giro, Fringues Eliel Cycling… Loin des odeurs de l'océan et des brises côtières de Big Sur de notre précédente itinérance, Death Valley nous promet la même intensité et la même magie. Les routes bitumées et les pistes de graviers s’y entrelacent et serpentent sur plus de kilomètres qu’on peut en rêver, et il est facile d’imaginer combien les âmes peuvent se perdre dans cette immense étendue désertique.

C’est notre première visite dans ce royaume du désert, et nous jouons les touristes de base le premier jour. C’est incroyable ! Arriver à Furnace Creek pour rejoindre le “Visitors Center” est assez surprenant tant le contraste est grand entre les territoires brûlés par le soleil que l’on traverse pour y accéder et cette citée parsemée de palmiers et de maisons de villégiature. On peut passer des vacances comme dans une oasis ici. Nous nous offrons un aller-retour dans la ville avec quelques petites écarts de gauche à droite, pour notre première balade. Vers le sud, suivant l'artère principale de la route 190, se trouve le bassin de Badwater, le point le plus bas d'Amérique du Nord. Le trajet sur la route tracée dans les années 40 est un peu long, mais le Gravel est pour plus tard. Une fois que l’on quitte Furnace Creek, On ressent l'isolement que les premiers colons ont dû vivre dans ces vastes espaces sauvages et désertiques. Face à nous des kilomètres de coteaux torturés et un fond de vallée minéral qui vous transporte à travers l'histoire.

Atteindre Badwater n'est pas vraiment ce à quoi on peut s'attendre. La chaîne montagneuse s’élève et le lit du lac s'enfonce. Il y a une falaise massive d'un côté et l'étendue de la vallée de sel de l'autre. La vue est imprenable sur un horizon blanc brillant, avec de minuscules silhouettes de visiteurs qui dansent dans les vagues de chaleur en son centre. C'est vraiment surprenant.


 


Badwater Basin

 

Il y a une piste de gravier qui longe le côté ouest de la vallée, mais elle ne semble pas conduire à des destinations intéressantes, nous choisissons donc d’emprunter une "petite" piste de gravier pour retourner à Furnace Creek. Entièrement gravillonnée, la montée de Natural Bridge nous emmène d’abord sur une pente douce… jusqu'à ce qu'elle nous arrache les jambes. 7% pour la première moitié, puis 10% pour un demi-mille (un peu plus de 800m), puis 12% pour un quart de mille (400 m environ)… sur du gravier meuble. Les sourires sont moites. Chargés de deux bidons plus 2,5 litres d’eau dans le sac à eau (parce que c’est la Death Valley), même si la faible altitude par rapport au niveau de la mer devrait nous assurer suffisamment d’oxygène, on se sent faible. Le dernier kilomètre est impossible à passer à vélo. Alors nous le couvrons à pied pour voir le pont. Magnifique. Je recommanderais d’atteindre ce panorama dans l'après-midi pour bénéficier d'une meilleure lumière dans le canyon.




Sentier menant à Natural Bridge

 

Après avoir exploré une autre bizarrerie géologique, le Devil’s Golf Course (Terrain de golf du diable), nous nous engageons sur les 15 kilomètres d'Artists Drive (la promenade des artistes). Rouler le long de la vallée nous rappelle un peu la Californie et les Sierras. Même s’il y a bien des raisons d'être dans la vallée, tout le monde fuit vers les collines. De fait, Artist’s Drive est une route bitumée à sens unique qui offre le parfait mariage entre une voie moderne et des paysages anciens. C'est comme si nous étions sur une planète Mars colonisée. Nous nous sentons chanceux d’être là mais nous nos corps souffrent dans la montée. C’est le même style de pente que Natural Bridge, mais sur une vraie chaussée heureusement. Entre les roches comme peintes, les reliefs surprenants ressemblant à des cratères et les sommets imposants, les points de vue à couper le souffle compensent toute les douleurs. 

 

Sur Artist’s Drive
 



En descendant de cette véritable “palette d’artiste colorée”, la route est sinueuse. La lumière du soir illumine la vallée et les ombres qui s’allongent sont comme un cadeau des dieux du vélo. C'est une sorte de carte postale souvenir dans laquelle nous serions. Le soir arrive tôt dans la vallée de la mort, car le soleil qui tombe derrière les sommets de la chaîne Panamint disparaît beaucoup plus tôt que sur la côte, nous laissant rêver déjà à ce que le jour 2 nous offrirait.

 


Lindsay à Furnace Creek


Le premier jour était davantage consacré à la Death Valley elle-même. Le jour 2 nous apporte une saveur bien différente avec un nouveau thème pour la randonnée : «Mines et moulins». Comment les premiers explorateurs ont-ils pu voir la valeur de cette terre et comment ont-ils pu y vivre ? Notre randonnée commence du terrain de camping “Emigrant Campground” perdu en plein désert et proche de la fin de la principale route descendant des monts Panamint, entre Pinto Peak au sud-ouest et Tucki Mountain au nord-est. Ici, si nous espérions nous faciliter le trajet, c’est raté. Ce sont 15 kilomètres à 6% de pente en moyenne qui nous attendent dès le départ. Mais nous ne nous en plaignons pas, c'est ainsi que naissent les sensations d'évasion que recherchent les amateurs d'aventure. Lorsque vous grimpez non stop sur les 9 derniers kilomètres, vous savez que la destination en vaut la peine.

 


Wildrose Rd.

 

Quelques gels énergétiques plus tard, la montée débouche sur une plaine désertique perchée à 1430 mètres d’altitude non loin des villes fantômes de Harrisburg et Skidoo. Enfin nous attaquons une piste de gravier (du Gravel quoi) ! Traverser à vélo des sites de prospection minière vieux de plus d'un siècle est une sensation étrange. On se sent proche de l'état d'esprit aventureux et déterminé que devait avoir ces colons, tout en étant aussi bien étranger à leurs motivations. Mais la perception de la façon dont ils ont du travaillé dur sur ces terres arides pendant des décennies éclipse immédiatement les inévitables brûlures de lactate dans nos jambes à ce stade.

Notre objectif est d'atteindre Aguereberry Point (2000 m), spot qui offre une vue imprenable sur la chaîne montagneuse, mais il nous reste encore 600 mètres de dénivelé positif depuis la mine Eureka avec un temps couvert, venteux et froid. Pas les meilleures conditions pour une future descente de 21 kilomètres. Et comme nous voulons toujours aller jusqu’à Skidoo, nous nous accordons après avoir exploré une mine d’or (qui abrite maintenant des chauves-souris) a nous attaquer à la route de gravier menant à Skidoo.



 

Eureka Mine


 
Route vers Skidoo


 

Skidoo a une histoire fascinante. Trouvée accidentellement, elle a produit environ 75,000 onces d’or (un peu plus de 2 tonnes) pour une valeur 1,5 million de dollars de l’époque. La petite citée abritait la seule pendaison enregistrée à Death Valley. C’est un trajet de 15 kilomètres de piste gravillonnée depuis la route jusqu’au site de Skidoo. Pour être au milieu de nulle part, c'est d’ailleurs plutôt une belle piste. Le long de la piste qui monte vers des valons impressionnants nous découvrons de nombreux squelettes de vieux bâtiments.

 

Photo de Max Polin: Road to Skidoo

Aujourd’hui, il ne reste plus rien de la ville de Skidoo qui comptait plusieurs centaines d’habitants à la grande époque. Il ne reste que quelques tas de boîtes de conserve rouillées, d'autres fragments de métal et quelques entrées de mines condamnées à flanc de colline. En poussant un peu plus loin, nous découvrons le moulin de skidoo plus préservé et qui se dresse de manière impressionnante contre le flanc de la colline. Le moulin de Skidoo fonctionnait plein pot au début des années 30 avec l’énergie éolienne. Ces vestiges sont comme un observateur de la terre et du temps. De nos jours, il y a un effort de préservation qui est fait pour sauvegarder ce patrimoine. Nous rencontrons d’ailleurs des spécialistes de la conservation en train d'examiner l’état du site. En tout cas, se promener au sommet du moulin vaut le coup. Les vues y sont indescriptibles et rendent le trajet encore plus mémorable.

 


Le moulin de Skidoo

Au dessus du moulin de Skidoo
 


Nous nous préparons à redescendre vers le camping “Emigrant Campground” et la voiture, le sourire gravé sur nos visages, satisfaits d’avoir assouvi notre soif d'aventure. Descendre de Skidoo procure des sensations intéressantes, et les connexions que l’on ressent avec la nature sont intenses. Bien que l’environnement y soit hostile, il est facile de comprendre comment les gens ont pu s’installer ici… et si nous devions construire un camp d’entraînement pour le Gravel, il est probable que ce serait là. Les pistes d’ici, c'est vraiment de l'or.

 


En repartant de Skidoo

 

Jour 1 :
48,2 miles avec 3950 ’de montée  (77,6 km / 1204 m D+)
Point bas: 86 m au-dessous du niveau de la mer
Point haut 278 m ’au-dessus du niveau de la mer
Niveau de difficulté : Super Tourist

Jour 2 :
44,4 miles avec 4344 ’de montée (71,45 km / 1324 m D+)
Point bas: 654 m au-dessus du niveau de la mer
Point haut: 1739 m au-dessus du niveau de la mer
Niveau de difficulté : Golden Gravel

 



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