Aventure : 3X3 = trois cols et trois cantons en fixie !

Au sein de la rédaction de Vélo de Route nous apprécions le vélo au sens large du terme et les défis. Après avoir vu déferler la vague fixie chez les hipsters et observer les virées du Suisse Patrick Seabase, nous étions curieux de vérifier les réelles limites du fixie en montagne. Voici l’histoire d’une sortie particulière née de notre impertinente curiosité.impertinente curiosité !
Publié le 02/11/2015 21:46 -
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Texte et images : Amaël Donnet

 

On ne se lance pas sur une sortie en fixie en montagne sur un coup de tête. Nous avons appris les subtilités du fixie en roulant sur piste, en jouant au bike polo et lors de quelques balades dans nos contrées plus que vallonnées. Mais sans jamais dépasser ce qui nous semblait être comme une limite raisonnable.

 

Le Sanetsh, le Pillon et la Croix

En ce début d’automne, le jour J est enfin arrivé. Si la météo s’annonce incertaine, c’est un ciel bleu et des températures agréables qui me sortent du lit. C’est le moment de se jeter dans la gueule du loup ! Un petit-déjeuner copieux, on enfile un maillot en laine mérinos pour un look oldschool, on emporte deux pneus de rechange, trois chambre à air et un peu de ravitaillement avant de filer prestement. Le vélo et le bonhomme sont surchargés, l’APN reste donc à la maison. Désolé, on ne fera que peu de photos !

Le départ se fait par une première descente de 3km, ça part de suite en skid… Limite incontrôlé ! Le nouveau pneu arrière glisse beaucoup, il va falloir gérer la grande distance de «freinage». L’échauffement terminé, il va falloir mouliner sur un braquet de 42X21 durant une cinquantaine de kilomètres avant d’attaquer les choses sérieuses. Ca ne va pas vite, j’en profite pour admirer un paysage connu mais toujours aussi majestueux. Après une vingtaine de kilomètres en solo, au détour d’un carrefour campagnard, je rejoins Fred. Il a prévu de m’accompagner jusqu’au Sanetsch pour me soutenir moralement. On papote, mais la cadence et la vitesse augmentent. Je dois lui rappeler mon braquet pour éviter de mourir asphyxié.

Au pied de ce premier col, qui propose une pente moyenne de 9.5% et un peu plus de 1’700m de D+, Chris nous rejoint. On part à trois, mais très (trop) rapidement je me retrouve esseulé. Mon braquet, limitant sur le plat, m’empêche de monter tranquillement. Mes coéquipiers du jour sont hallucinés de se faire déposer par un fixie. Ça parait facile, mais dans les passages pentus, il fallait y croire pour ne pas mettre le pied à terre. Au milieu de la bosse, histoire de revoir Fred et Chris, j’improvise un petit ravitaillement… Qui ne sera pas très diététique, mais parfaitement adapté pour le moral des troupes.

Mes compères me laissent gentiment partir seul devant dès les premières pentes

 

Ca c'est du ravito grand luxe !

Après une rude bataille contre la pente, au sommet, nous admirons la vue sur les sommets environnants. Les couleurs automnales sont chatoyantes, et ce même si le ciel bleu semble se faire la malle. Le temps tourne et il commence à faire frisquet. Pendant que Fred prend congé de nous, nous rejoignons le Canton de Berne via une petite télécabine. Il existe bien un sentier, mais il est déjà chaud à rouler sur un VTT d’enduro…

 

 

De Gsteig nous rejoignons les Diablerets en passant par le col du Pillon. Après l’interminable ascension du Sanetsch, ce dernier avec ses  6.7km à 5% passe sur l’élan. La plongée sur les «Diables» se fait sur un bitume parfois lisse, parfois chaotique. Si on n’a croisé personne ou presque lors de notre remontée du Rhône sur la première ascension, dans le Pillon la circulation se fait plus importante. La prudence reste de mise, il n’est pas question de finir sur le capot d’une voiture… Va donc expliquer le pourquoi du comment aux gallinacés en cas d’incident !

Des Diablerets, notre parcours passe par Villars. Il nous reste à affronter le Col de la Croix (7km à 7.2% de pente moyenne) et une affolante plongée sur la Vallée du Rhône. Le ciel se charge durant la grimpette, ça se noircit vilainement et le vent se lève… Pas bon ! Avant de basculer les premières gouttent s’abattent sur le bitume, puis le ciel nous tombe sur la tête. On affronte la descente sous un déluge glacial, ce dernier nous accompagne jusqu’à Villars.

Bonne tranche de rigolade à l’approche de la station des Alpes vaudoises : une course de trail est organisée, une patrouilleuse me demande de m’arrêter, j’obtempère. Elle s’écrie : «Mais vous n’avez pas de frein !». Je bredouille une explication : «On me les a piqués pendant que je mangeais au restau !». Je repars en rigolant.

A Gryon, j’effectue un réglage (je tourne la roue) afin de préserver ce qu’il me reste de pneu arrière. Le soleil refait son retour, on fonce… Enfin comme je peux ! Peu avant de rejoindre la plaine, je manque de m’étaler. En m’amusant à slalomer en skid, pour fêter la fin de la virée qui approche, je déchausse. L’entraînement «polo» m’aide à me sortir de ce faux-pas, à moins que cela soit un coup de chance ! Après 6h13 de roulage, le tour est bouclé sans encombre et bien moins fatigué que je ne le présageais. Le fixie c’est peut-être une affaire de spécialistes, mais ce n’est pas inhumain.

 

Une histoire de chiffres & le bilan

Les 113km et les 3’228 mètres de dénivelé positif ont été avalé en 6h13’05’’. Avec 18km/h, la moyenne s’avère tout sauf extraordinaire. Il aurait fallu prendre plus de risque en descente et relancer tant que possible partout ailleurs pour mieux faire. Mais ce n’était pas l’objectif du jour ! La surprise c’est de finir frais, il m’aurait été facile de rallonger la sortie. Le vélo a aussi parfaitement tenu le choc : en skidant avec les deux jambes, il n’a pas été nécessaire de changer de pneu. Le fixie impressionne beaucoup de cyclistes, mais en suivant un bon entraînement cela n’a rien d’extrême. Malgré tout, être parfaitement gainé et possédez un haut du corps solide, en plus de la technique, sont indispensables : en descente les forces engendrés par le skid sont violentes.

 

What is fixie ?

Le fixie n’est rien de moins qu’un vélo qui utilise une transmission de piste. Le pignon de la roue arrière est fixe et le vélo est généralement dépourvu de freins. Les plus trouillards, ou les plus censés devrais-je dire, installent souvent un frein à l’avant. Si on excepte que tous les premiers vélos étaient ainsi, la roue-libre a été inventée aux alentours des années 1890, ce sont les cyclos-messagers américains, au comportement très rock’n’roll, qui ont utilisé en premier ce type de montage sur la route. Une dizaine d’années plus tard cette mouvance a été reprise par les hipsters. Mais cela n’a rien d’évident de rouler en fixie, tout se complique, sans parler qu’il n’est pas vraiment légal de rouler sans freins. Ces dernières années, les fixies sont retournés à l’endroit qu’ils n’auraient jamais dû quitter… Le monde alternatif du vélo !

 

Le vélo

Nous avons opté pour un cadre  d'origine américaine All City en acier destiné à un usage cyclo-cross. Nous avons fait le choix la solidité, du confort et de la fiabilité au détriment du poids et de la sportivité. L’essai complet de ce vélo, utilisé dans le registre par lequel il a été conçu, est à suivre tout prochainement.



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