Course : La Fausto Coppi 2023

Forgée à la légende du Giro, La Fausto est une des plus belles, et plus dures cyclos de montagne d'Italie. Si vous aimez les grosses montées bien raides, le pilotage tout en finesse, et vous immerger dans un mythe di ciclismo... c'est une incontournable.
Publié le 02/07/2023 20:18 -
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Texte Nicolas Joly - Photos Nicolas Joly & Fotoravenna.com

 

Peut-être pas aussi connue que le Maratona dles Dolomita, La Fausto Coppi Officine Mattio est néanmoins une des plus belles, et des plus dures cyclos de montagne d'Italie. Elle franchit notamment le mythique Colle de la Fauniera à 2484 mètres, une montée de pratiquement 2000 mètres de dénivelé qui traverse des paysages et des pourcentages inoubliables. La légende vient aussi du passage du Giro en 1999, où par une attaque foudroyante, Marco Pantani avait revêtu le maillot rose, et bien sûr en hommage au village piémontais de Castellania qui vit naître le Campionnissimo en 1919.

Ce dernier Dimanche 25 Juin 2023, nous nous élancions sur les traces du mythe. Récit d'un voyage dans les alpages piémontais, et sur les traces du Giro 1999 !

 

Au centre du vieux Cunéo, la place Galimberti offre un site de départ prestigieux (et confortable) aux 2200 inscrits.

Face Nord, les rampes de La Fauniera semblent ne jamais faiblir, ni finir.

 

Comme de nombreuses grosses cyclos, la Fausto Coppi, avait eu quelques difficultés à rebondir après le Covid, et l'enthousiasme des organisateurs comme des participants était palpable pour ce nouveau départ. Après deux éditions annulées en 2020 et 2022, cette 34ème édition semblait marquer un retour plus durable (les inscriptions sont d'ailleurs déjà ouvertes pour 2024). Après plusieurs opportunités manquées de visiter les cols du Piémont, nous avons vu en ce retour une occasion d'y remédier, et découvrir la magnifique région de Cunéo.

 

Transfert

Le voyage jusqu'à Cunéo est déjà une aventure en soit ! Même si on est loin des guerres napoléoniennes, traverser les Alpes reste une occasion de découvrir de nouvelles vallées, au choix par l'Ubaye, le Montgenèvre ou le Mont-Cenis, avec autant de montées mythiques de part et d'autre de la route. Une fois sur place, le premier constat est que la ville de Cunéo est magnifique, et mérite le déplacement, même sans vélo.

Une petite prière dans la cathédrale de Cunéo ne peut nuire avant l’assaut des montagnes

Un peu de tourisme immersif, sous la fraicheur des arcades de Cunéo.

 

L'heure du Choix

L'organisation de la Fausto est particulièrement bien rodée, et accueillait cette année 2200 partants. La fausto se décline en deux parcours "Mediofondo" et "Granfondo". Disons le tout de suite, les deux sont sérieux, avec 110 et 180 km, et surtout les deux franchissent La Fauniera. La différence est d'aborder la Fauniera frais pour le Medio, ou de "s'échauffer" sur 70km et 2 bosses supplémentaires pour le Gran... un choix difficile, mais rendu possible jusqu'au dernier moment, car l'inscription et le départ sont communs, et seul la bifurcation et le bornage du transpondeur vous inscriront définitivement dans l'un des classements, 2 km après le départ.

Une option que j'ai personnellement apprécié, puisque, dans un moment de lucidité, j'ai finalement opté pour le Medio, plus raisonnable après quelques semaines chargées en déplacements.

Un dernier coup d'oeil au road book, et à 7h00, c'est le départ dans un relatif calme.

 

Le départ

Autre moment crucial d'une cyclo, le départ ! 

Il faut préciser que la route de La Fausto est fermée. Contre toute attente le départ se passe relativement sereinement. Même si une trentaine de kilomètres nous sépare des choses sérieuses, et que le peloton va bon train, personne ne se laisse aller à des manœuvres inconsidérées, et c'est avec une fraicheur, physique comme nerveuse, presque intacte que j'ai pu atteindre les gorges qui mènent au pied de La Fauniera où la vraie montée commence.

Derniers mètres de La Fauniera : un sanctuaire, une route, des vaches, voici à quoi ressemble les 2000 mètres de dénivelé du plus haut col du Piémont.

 

34x32 de rigueur

Après 2 ou 3 ondulations annonciatrices, la route traverse un pont, et soudainement tout change. Dire que c'est raide serait d'une fadeur qui ne rendrait pas justice aux virages suspendus qui mènent au Sanctuaire de San Marino de Castelmagno. Rien ne ressemble à ça en France, en tout cas jamais sur une telle ampleur. Le segment final affiche 8,9% sur 15km, dont quelques replats, mais surtout de nombreux kilomètres entre 13 et 15%.  Heureusement, j'avais monté pour l'occasion une cassette 11-32, pratiquement indispensable pour pouvoir s'assoir... de temps à autres. Moins me paraitrait déraisonnable, mais 34 ou 36 pas exagérés non plus, surtout pour ceux qui aborderaient la Fauniera en ayant déjà effectué les deux premiers cols du grand parcours (Valama, 800 mètres de D+ et La Piatta Soprana, 600 mètres de D+).

Le passage au sanctuaire est un soulagement, offrant un ravitaillement bien achalandé, et quelques centaines de mètres de roue libre... jusqu'à reprendre les 8 derniers kilomètres, où la route reste relativement bien goudronnée, mais devient trop étroite pour que deux voitures s'y croisent. le paysage est incroyable, et préservé puisque cette vallée ne sert finalement qu'aux vaches, au sanctuaire et aux cyclistes.

L'altitude se fait vraiment sentir sur la fin, et la fatigue aussi, puisque le sommet marque la fin d'une montée continue de 2000 mètres de dénivelé (46km et 2h35 après le départ).

Un nouveau ravitaillement, et c'est le moment du grand plongeon !

 

 

Il n'aura fallu qu'un seul passage du Giro à La Fauniera pour construire sa légende : c'est sur ce même versant Nord que Marco Pantani prenait le Maillot Rose du Giro 1999. Nous n'avons pas eu le temps de nous y arrêter, mais une stèle lui rend hommage au sommet.

 

Le grand plongeon

Après une courte hésitation pendant le plein des bidons, je décide de descendre en maillot, car la température est sûrement une des plus chaude de l'année à cette altitude, et j’entame alors prudemment l'exercice, à vue, en compagnie de mes derniers compagnons de montée. Au passage du col, il n'y a plus de peloton, mais un chapelet de cyclistes espacés de quelques secondes. Côté Sud, la route n'est pas plus large, certainement un peu moins raide, mais aussi plus dégradée. mais la vraie chose qui ne m'avait pas frappé à la montée c'est l'absence totale de parapet, et de ce côté, l'incalculable série de virages qui semblent une courbe facile et se transforment finalement en U très fermé. Je ne serai dire comment s'est passé la descente pour les premiers, mais autour de moi je n'ai vu que des concurrents très raisonnables, et une descente où les positions sont restées pratiquement neutralisées, avec des écarts mêmes augmentés par la prudence de chacun.

 

Pas toujours mauvaise, la route reste par contre très étroite

 

Une fois rendu dans la vallée, et passé le village de Demonte, un petit regroupement se forme et permet de rapidement avaler la transition jusqu'à la montée finale vers La Madonna del Colletto à 1304 mètres. La Madonna tient plus de la "local legend" que du col mythique, mais ne doit pas pour autant être négligée. Avec un peu plus de 500 mètres de dénivelé à 9%, c'est tout de même plus qu'une bosse du Limousin.

Cependant, après la Fauniera, les 8-9-10% de La Madonna, relativement réguliers permettent de retrouver l'usage du reste de la cassette, et moyennant une bonne gestion de La Fauniera, s'avale finalement aisément.

Surtout qu'après, ce n'est pas tout à fait fini, mais presque, avec seulement 25km descendant où la course ne peut plus guère évoluer. Bref c'est le moment ou jamais de grappiller quelques places.

 

Revoir la Piazza Galimberti

Pas d'arrêt au dernier ravitaillement donc, mais une concentration maximale pour une nouvelle descente délicate, plus large mais dégradée et gravillonnée, surtout en sortie de virage... Le retour dans la vallée est tout de même un soulagement nerveux, et une fois regroupé dans un peloton efficace, la grande route nous offre un final magique, vent de face mais descendant. Tous les habitants sont sortis sur les trottoirs de leurs villages, et les bourgades traversées à 40 km/h nous offrent l'impression de jouer le final d'un Giro. Encore quelques virages, quelques ronds points, quelques ralentisseurs de zones industrielles assommées par la chaleur, et soudainement notre gruppetto débouche sur la place Galimberti et sprinte pour le haut de la 7ème page du classement. Dérisoire, mais de bonne guerre !

 

 

Une cyclo attachante.

La Fausto Coppi nous a ravi. Le parcours est évidemment de classe mondiale avec un des plus hauts cols du Piémont, et offre à l'amateur tout ce qui fait la différence entre le Tour et le Giro : les petites routes et les pourcentages extrêmes loin des montées de stations !

Mais nous avons aussi découvert des concurrents très fair-play, et une ambiance agréable du début à la fin, notamment par un comportement collectif très responsable face aux dangers objectif du parcours.

Si on y ajoute la cure de glaces et de pizzas qui accompagnent un weekend en Italie réussi, et la magnifique ville de Cunéo, nous serions tenté d'y revenir, surtout que d'autres cols du Piémonts, comme le Colle Agnello, Le Sampeyre ou La Lombarde manquent encore à notre tableau de chasse.

 

Les datas

  • "Mediofondo" : 111km / 2510m
  • "Granfondo" : 177km / 4125m
  • 2200 inscrits
  • Route fermée
  • La prochaine Fausto : le 30 Juin 2024, les inscriptions sont ouvertes !
  • www.faustocoppi.net

 

 

 

 



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