La Grosse Scheidegg – Un col atypique !

Située en Suisse, dans le canton de Berne, la Grosse Scheidegg figure parmi les plus belles ascensions du monde. Alain Rumpf et son ami Dan Patituccio nous emmènent à la découverte de ce col aussi magnifique que peu connu.
Publié le 14/12/2018 08:44 -
10353 lectures - 1 commentaire

Images copyright : Etienne Van Rensburg et Alain Rumpf / Scott

Culminant à 1'962 mètres, la Grosse Scheidegg n’est pas un col extrêmement difficile, ses qualités sont ailleurs. Nous citerons en premier le panorama à couper le souffle et en second la tranquillité des lieux. Pour la suite, nous cédons le clavier à Alain Rumpf. Voici une synthèse de ses dires :

«Bienvenue sur mon terrain de jeu. La Suisse, c’est là que je roule depuis que je suis tombé amoureux du cyclisme, à l’âge de douze ans. Je vais donc vous résumer pourquoi, d’un point de vue impartial, rouler en Suisse est ce qui se rapproche le plus du paradis du cycliste. D’abord, c’est un pays couvert par un réseau très dense de routes calmes et de qualité. Des routes lisses «comme les fesses d’un bébé». Ensuite, ces routes vous mènent vers des terrains exceptionnellement diversifiés pour un si petit territoire : lacs et rivières cristallins, collines vallonnées en campagne et ascensions difficiles sur les montagnes enneigées. Bref, la Suisse n’a rien à envier aux autres destinations de cyclisme populaires, telles que la France ou l’Italie.

La Grosse Scheidegg, nichée dans les Alpes bernoises, incarne l’expérience cycliste suisse par excellence. C’est une petite route, fermée aux véhicules motorisés au sommet, qui offre des vues spectaculaires sur certains des plus prestigieux pics des Alpes. Mais son ascension est raide, ces panoramas se méritent. Dan Patitucci est un expert de la Grosse Scheidegg. Il habite en bas de celle-ci, près d’Interlaken. Il passe toute l’année sur cette montagne, à pied, à ski ou à vélo.

 

 

Notre circuit a commencé par une chaude journée d’été à Thoune, sur les bords d’un des sept mille lacs de Suisse : le lac de Thoune. En route vers la Grosse Scheidegg, Dan nous a guidé vers Beatenberg, un lieu que seuls les locaux connaissent. Ascension moins connue, elle offre cependant des panoramas fantastiques sur le lac de Thoune et les Alpes bernoises. Un échauffement approprié pour la norme suisse. De retour à Interlaken, nous nous sommes arrêtés pour prendre un café avant de repartir vers notre deuxième lac, le lac de Brienz. On attribue ses incroyables couleurs turquoise et émeraude à des particules de glace. Il s’agit d’un de mes lieux favoris pour les sorties détendues. Car la Suisse ne se limite pas à des ascensions en montagne.

 

Et après quelques kilomètres de plat supplémentaires, nous sommes arrivés à Meiringen. Ce village a été rendu célèbre grâce aux chutes du Reichenbach, où serait mort Sherlock Holmes, héros des romans de Sir Arthur Conan Doyle. Nous étions dès lors fin prêts pour attaquer l’ascension de la Grosse Scheidegg. Après un virage serré à droite, vous arrivez sur une route étroite qui vous propulse au cœur du sujet. Durant les six premiers kilomètres, l’inclinaison descend rarement sous les 9 %, et elle vous permet d’entrevoir les glaciers et les pics rocheux.

La route s’aplanit un peu avant le glacier de Rosenlaui. Arrivé là, vous pensez déjà avoir accompli une ascension incroyable. Mais le meilleur reste à venir. Après le Schwarzwaldalp, la circulation motorisée n’est plus autorisée. Plus de voitures, de motos ni de camping-cars. Si vous avez déjà grimpé des cols alpins populaires en été, vous saurez apprécier ce détail. À partir de là, en plus des vues magnifiques, vous ne croiserez plus que des vaches, des cyclistes, des randonneurs et les fameux bus de transport public PostAuto. Ces derniers ne vous rouleront pas dessus, mais ils ne s’arrêteront pas. Donc si la route est étroite, ce qui est pratiquement toujours le cas, il est préférable de vous ranger sur le côté lorsque vous entendez le son caractéristique de leur klaxon, environ toutes les trente minutes. Vous êtes prévenus ! Les derniers lacets, au-dessous de l’imposant Wetterhorn (3'692 mètres), sont la partie de la Grosse Scheidegg que je préfère. Ou tout du moins quand je ne suis pas avec Dan… Après une semaine en tant que guide dans les Alpes, j’avais les jambes fatiguées, et il m’a été difficile de le suivre. Malgré tout, j’ai réussi à le dépasser durant le sprint vers le sommet. Compétiteur un jour, compétiteur toujours… Nous nous sommes arrêtés au sommet pour profiter d’une vue exceptionnelle sur la plus célèbre face nord des Alpes, j’ai nommé : l’Eiger. Mais, comme c’est souvent le cas l’après-midi, les nuages commençaient à s’accumuler. Il était temps pour nous de redescendre.

 

 

 La descente vers Grindelwald est celle sur laquelle Peter Sagan a montré pour la première fois qu’il était davantage qu’un simple sprinteur. Durant une étape du Tour de Suisse de 2011, le coureur slovaque avait fait partie d’une échappée précoce qui passait par la Grosse Scheidegg. Damiano Cunego s’était alors détaché du peloton pour gagner une avance de deux minutes et arriver au sommet le premier. À ce moment-là, il pensait remporter l’étape. Mais c’était sans compter sur une incroyable descente qui a permis à Sagan de le rattraper et de remporter la victoire à Grindelwald. Ce jour-là, une étoile est née. Nous n’étions pas si rapides, mais nous avons su profiter des routes sinueuses avant de continuer notre route après Grindelwald, en direction du lac de Thoune. Nous avons terminé en longeant le lac, pour finir par déguster une bonne bière à Thoune. Et celle-ci avait la saveur unique d’une journée épique passée en montagne avec un ami. Et puis… la pluie est arrivée. Une journée comme les autres dans les Alpes.

 

Le topo de la sortie  Grosse Scheidegg, 142km et 2’990m de D+

Pour suivre les projets Alain Rumpf et son ami Dan Patitucci ALPSinsight



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  • 1 Commentaire


    avatar  Publié le 2018-12-14 23:17:47 par titalain

    Ca fait großement envie. 8)
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