Nous avons conversé quelques minutes avec Steve Chainel entre son retour de Chine où il a disputé les premières courses UCI (en quête de points pour mieux être placé par la suite sur les grilles) et son départ pour Las Vegas, lieu où va se dérouler la première manche de coupe du monde de cyclo-cross (16 septembre).
VDR : Steve, parle-nous de ce nouveau projet et des raisons qui t’ont amené à tenter l’aventure…
Steve Chainel : Cela fait déjà 4/5 ans que nous avions évoqué ce projet avec Lucie. Après la naissance de notre deuxième enfant et la reprise de la compétition de ma femme, on avait réfléchi à cette éventualité, car pour elle pas question d'avoir trop de contraintes. Et puis le projet avait été mis un peu de côté par la force des choses.
Puis, après ma rupture de contrat avec Cofidis, j'ai eu envie de revenir à ma grande passion : le cyclo-cross. J'ai toujours pratiqué cette discipline tout au long de ma carrière, mais cet hiver Cofidis s'est opposé à cette activité pour moi. J'ai besoin du cross pour mon équilibre physique et mental, mon équipe ne l'a pas compris et dès avril mon avenir avec l’équipe était de toute façon compromis. Je ne rentrais pas dans les petits papiers de Nacer Bouhanni, ni dans cette logique d'entreprise qui pollue les équipes pros sur route aujourd'hui.
VDR : Quel sera l'effectif du team cette année ?
Steve Chainel : Pour cette première année, on partait sur trois crosseurs : ma femme Lucie, moi et un jeune de talent. Malheureusement, ce dernier a eu un pépin de santé qui l'empêche de nous rejoindre cette année, donc je tairai son nom. C'est vraiment dommage, car il correspondait bien à l'esprit et aux projets du team. On va faire la saison à deux, mais l'an prochain on aimerait passer à quatre ou cinq coureurs, puis huit dans deux ans pour finir à huit coureurs au sein d'une équipe Continentale. Le statut d’équipe Continentale nous permettrait aussi d'avoir accès aux courses de préparation sur route, une course comme Les Boucles de la Mayenne par exemple est importante pour « marcher », une fois la saison venue. Mais chez nous, nos coureurs n'auront aucune obligation de compétition sur route en dehors de la saison de cross. Impossible pour moi de concevoir qu'un crosseur puisse performer l'hiver et le reste de l'année sur route. C'est vraiment le problème en France, on ne laisse pas la chance aux crosseurs de s'investir à 100 % dans la discipline, c'est vrai chez les jeunes, mais aussi en Elite. Un, Mourey a largement sa chance d'être champion du monde un jour, mais tant qu'il fera le Giro par exemple, ça sera très compliqué. La France a toujours eu des champions dans les catégories jeunes, regarde Venturini ou Doubey, ils sont pétris de qualités ces mômes. Mais aujourd'hui, ils sont déjà pris dans le giron des équipes route et ne pourront pas performer au plus haut niveau en cross. Pourquoi les Belges dominent autant la discipline ? Il n'y a pas photo, là-bas, les teams sont 100 % cyclo-cross, point barre.
VDR : Parle-nous de tes partenaires pour cette première année…
Steve Chainel : L'engouement est grand autour du projet, certains nous suivent Lucie ou moi depuis un moment, je pense à mon pote Geoffroy Lequatre (ex-pro sur route) et son entreprise de textile G4. Geffroy aidait déjà Lucie dans le design de ses tenues, il est toujours à la pointe de la mode. Geoffroy est bien à fond dans le projet, le team porte même le nom de sa société. Le conseil général des Vosges nous suit également, je suis ambassadeur du département au même titre qu'un Julien Absalon. Ils se bougent vraiment pour le vélo avec des parcours FFC et un site internet dédié bike.vosges.fr. Pour les vélos et les roues, un fidèle partenaire en la personne de Fabrice Pecou nous équipera, nous roulerons avec ses roues Flash Wheels et sa nouvelle marque de vélo Eagles Bikes. Pour nos boyaux, nous partons avec FMB (François Marie Boyaux) encore une entreprise française, ce n'est pas une fixation pour nous, mais c'est clairement un gros plus, d'autant que la qualité des produits est top chez lui. La société Fizik nous fournira les selles, Giro les casques et les chaussures. En sponsor extra sportif, un grand monsieur du vélo nous accorde sa confiance, il s'agit d'Alain Chazal ancien sponsor de l'équipe de route du même nom. C'est un passionné de cyclisme, on a tout de suite bien accroché.
VDR : Sur quelles courses pourra-t-on voir le team cette année ?
Steve Chainel : On a un programme chargé avec environ 20/25 courses, je reçois beaucoup de sollicitations en Belgique et en France bien sûr. Nous serons sur toutes les coupes du monde, à commencer par l'ouverture à Las Vegas ce week-end. Les manches de l'EKZ Trophy en Suisse, pour la France nous ferons la finale du Challenge National à Flamanville le 30 décembre et bien sûr les championnats de France le 10 janvier 2016 à Besançon. Et puis il y a le cross de Saint Etienne lès Remiremont chez moi dans les Vosges le 11 novembre, il ne faut pas oublier que sans le club de St Etienne, le team n'existerait pas. Officiellement, nous pourrons courir sous nos nouvelles couleurs après le 1er octobre prochain, date du début des mutations à la fédé.
VDR : Vos objectifs seront de quel ordre sur ces courses ?
Steve Chainel : Sincèrement, pas d'objectif de performance cette année, je suis sorti de ce système : top 10, top 5 ou top machin. Stop ! Je veux vraiment qu'on prenne du plaisir et donner le meilleur sur chaque sortie en compétition. Je place les championnats de France en tête de liste quand même, c'est là que l'exposition médiatique est la plus grande de l'année. Pourquoi pas troquer le beau maillot G4 par un maillot tricolore l'an prochain, mais vraiment on ne se prend pas la tête avec ça.
VDR : Très bien Steve on va te laisser finir tes valises et bonne chance à vous deux pour Vegas !
Steve Chainel : Merci, on va essayer de faire pour le mieux même si je serai placé loin sur la ligne de départ.
On vous propose de voir ou revoir une vidéo sur la vie du couple Chainel, entre sport de haut niveau et vie de famille :
Galerie
