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J'ai déjà entendu dire qu'une fille n'était pas capable de l'engagement physique d'un Tour de France, tant en distance, 3497 kilomètres, qu'en temps et en effort. FAUX ! De plus, ces demoiselles ne sont pas professionnelles, elles travaillent et ont pris sur leur congé annuel pour l'amour de leur sport.
Leurs objectifs sont multiples. D'une part il s'agit d'envoyer un message fort à l'industrie du cycle sur la place des femmes dans le sport cyclisme et encourager d'autres filles à rouler, ensuite il s'agit par cette action d'encourager les dons en faveur de l'association Bike Belong, pour le développement du cyclisme au quotidien, encourager le plus de gens à prendre leur vélo le plus souvent possible.
J'ai rencontré Kristen Peterson dans les longs cols du Colorado qui mènent à des pics qui pointent à plus de 3000 mètres d'altitude. J'ai été surprise qu'elle se lance de façon aussi motivée dans ce ride de plus de 6 heures. Kristen préparait une grande expérience, elle préparait le Tour de France. La semaine, elle est biologiste dans un laboratoire, le week-end, elle est triathlète. Mais le vélo est un de ses points forts et surtout son sport de coeur. Quand le projet a pris forme, elle n'a pas hésité une seule seconde. Un projet bien géré, en tête de file la blogueuse et journaliste pour le magazine Peloton, Heidi Swift, originaire de Portland, qui a permis au projet de prendre de l'ampleur en soutenant une cause caritative (Bike Belong) pour laquelle roule également le coureur du team Cannondale Cyclocrossworld, Tim Johnson et qui récolte des fonds pour mener à bien des projets tel que le développement de pistes cyclables dans les zones urbanisées et des campagnes de pub visant à inciter les personnes à se déplacer en vélo.
Le défi
Pendant les trois semaines que dure la grande boucle, cette équipe composée de Kate, Heidi, Jennifer, Kym, Kristen et Maria, toutes les six amateurs, vont rouler toutes les étapes du Tour de France, la veille des professionnels. Exactement la même étape.
Et à l'avant veille de l'arrivée sur les Champs Elyssés, ces demoiselles ont relevé le défi avec brio. Lorsque je les ai rencontré la veille de la 6ème étape à Metz, j'avais quelques doutes, les 6 jours d'étapes avaient déjà laissé des traces visibles sur leur organisme et elles n'étaient pas au tiers du défi. Un petit staff autour d'elles, une voiture suiveuse, avec des roues en cas de crevaison et de quoi se ravitailler, et un van à chaque arrivée pour les emmener à l'hôtel de l'étape suivante.
Rencontre
Je suis allée à leur rencontre lors de l'arrivée du Tour à Metz, après 200km et environ 7 heures de selle entre Epernay et Metz. J'ai trouvé des visages fatigués mais souriants et une énergie hors du commun. Attendant leur chauffeur, allongées à même le sol, se donnant des ravitos les unes aux autres entre deux éclats de rire.
J'ai eu du mal à leur faire parler de leur aventure tant leurs cerveaux semblaient fatigués...
"Le soir quand on arrive à l'hôtel, on ne pense qu'à manger tout ce que l'on peut et à s'endormir, le lendemain, on n'a pas le temps de dire ouf qu'il faut repartir, je ne peux même pas te parler de l'accueil français, on n'arrive pas à faire attention ! "
"S'il le fallait, je pourrais dormir par terre tellement je suis épuisée ! ''
"Lorsque l'on s'allonge le soir pour dormir, on craque complètement et on éclate de rire pour rien, en fait on aurait plutôt envie de pleurer ! "
Kristen et Heidi ont écrit avec brio tout au long de ce périple sur leurs sites internets respectifs. Les moments forts, les journées de 9 heures de selle, les déceptions et les pétages de plomb.
Maria s'est fait renverser juste avant les Pyrénées, plongeant toute l'équipe dans la stupeur, après des examens et le diagnostic d'une fissure du coccyx, elle refuse de s'arrêter et remonte sur le vélo.
Et des pavés de Liége sous la pluie lors de la première étape, elles se retrouvent une fois de plus toute la journée sous la pluie lors de la 14ème étape entre Limoux et Foix.
L'équipe est encore au complet au pied du Tourmalet, malgré les crises de crampes de plus en plus fréquentes, les petits bobos…
Pour cette étape, elles se disent que si elles vont au bout, elles seront à Paris. Aprés quelques kilomètres, un écart, une roue en touche une autre, le dérailleur de Heidi finit dans les rayons, cassant le cadre au passage.
Les minutes passent, l'équipe se regroupe face au vélo inutilisable. Heidi est au bord de la dépression nerveuse, avoir été jusque là pour ne pas aller au bout ?
Un des accompagnants a son vélo dans le van, il est trop grand pour Heidi mais qu'importe, un changement de potence et de selle plus tard, l'équipe repart ! Maintenant, peu importe les horribles douleurs dans les genoux et le dos que provoque ce vélo trop grand, Il faut aller au bout sans plus trop savoir pourquoi.
Samedi 21 juillet, elles bouclent ce magnifique tour en arrivant à Paris. Et comme le dit Heidi, après toutes ces émotions, la dernière étape de plat, le chrono et l'arrivée sur les champs sont des étapes pour rire. Elles n'ont pas boudé leur plaisir puisque c'est au champagne qu'elles fêtent cela au moment où je l'écris, alors que Bradley Wiggins en finit, vainqueur de l'avant dernière étape du contre-la-montre et maillot jaune.
Bravo à elles, dans le tumulte des polémiques et autres affaires de dopage, elles ont écrit une belle histoire. Une histoire où l'on peut croire en soi, en la force de sa volonté, croire en la beauté du sport et du courage. Rien de tel que le vélo pour se prouver toutes ces belles choses à soi même et se rappeler qu'on a raison de croire en ces valeurs alors que beaucoup voudraient les ranger dans la catégorie des causes perdues. Car en 2012, on pourrait se résigner à l'avenir noir que nous matraquent les médias, pourtant il y a encore de belles histoires à écrire.
Leur site internet : https://reve.cc/
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