Garrett Chow : Un spécialiste chez Specialized

Il y a ceux qui en rêvent et ceux qui le font. Avoir un métier incroyable dans une région magnifique. Garrett est designeur pour la crème de la crème des pilotes d’usine de Specialized : Un modèle pro pour Alberto Contador ? Le vélo de cyclo-cross rose et arc en ciel de Zdenek Stybar ? Une question d’heures et de talent. Les modèles spéciaux passent entre ses mains. Focus sur ses réalisations, là où graphisme et design rencontre la technologie d’un des plus grand constructeur de vélo au monde.
Publié le 10/07/2012 18:21 -
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Garrett, peux-tu te présenter ? Quel est ton travail au sein de la compagnie Specialized ?

Je m’appelle Garret Chow et je viens de la baie de San Francisco en Californie. Je vis actuellement à Santa Cruz. Je suis designer chez Specialized, dans le département performance vélo de route depuis 4 ans et demi maintenant. J’ai initialement été engagé comme designer et manager de la ligne ville et route. Une grande partie de mon environnement se situe en ville, avec les vélos urbains,  les fixies et les vélos de pistes, c’est du fait de cette spécificité que j’ai été recruté par Specialized. Il y a 8 ans, des amis et moi avons commencé à nous filmer en ville pendant nos rides sur des fixies dans les rues de SF. De ces séquences nous avons créé notre film, MASH… 

 

 

Chez Specialized, je passe la plupart de mon temps à développer et créer des concepts, et aussi à superviser la production des graphismes pour la route et le contre-la-montre. Je m'occupe aussi des composants et des roues. De temps en temps, je fais ce que la compagnie considère comme des demandes exceptionnelles, je créais un vélo pour un pilote professionnel du Pro Tour. De la même façon, j’ai toujours quelques projets personnels en cours. Je les utilise comme test pour les futures productions, parfois un aspect d’un vélo personnel peut être utilisé pour la production. Il arrive aussi que je peigne une idée simplement trop compliquée pour la production commerciale. C’est un peu comme de la haute couture par rapport à du prêt-à-porter. 

 

 

De quelle façon travailles-tu avec les coureurs pro lorsque tu es en charge de réaliser un modèle ? Ont-ils des demandes particulières ou réalises-tu toi-même tous les choix ?

Le procédé est vraiment aléatoire selon le coureur. Parfois, et c’est bien dommage que ce soit dans la plupart des cas, je réalise le design sans aucun retour du coureur. Je réalise un travail de recherche en amont en lisant des interviews et j’essaye de trouver des aspects intéressants de sa personnalité que je pourrai utiliser en l’imageant ou en l’intégrant comme élément graphique. Je travaille beaucoup avec la couleur: par exemple le jaune est peut être une couleur logique et appropriée pour un coureur comme Contador, j’ai trouvé qu’il était fasciné par les oiseaux et qu’il avait des canaris chez lui.


Dans le meilleur des cas, je peux rencontrer le coureur et essayer d'en savoir plus sur sa personnalité, de quelle façon il voit le monde, sur et en dehors du vélo. Cela devient une sorte de boîte à outils visuelle, de laquelle je pourrai commencer à construire un logo et un des motifs. Le meilleur design est celui qui a comme fondation un concept fort, qui peut créer un lien entre, le public, le design, le coureur et le vélo. N'importe qui est fière d'un vélo qui donne de l'inspiration par-ce-qu'il  est beau et en phase avec le coureur, cette fierté, c'est pour moi le super-boost juste avant la ligne d'arrivée! Je crois que les couleurs et le graphisme joue un rôle important sur l'envie de rouler.

 

Peux-tu nous parler du vélo de cyclo cross du pilote tchèque Zdenek Stybar ? J’ai aussi vu que tu avais dessiné un nouveau logo ?

Un des premiers Stumpjumper qui était roulé par le team de cyclo cross de Specialized en 1984 était un vtt rose avec un guidon, de la même couleur que le rose que j’ai choisi pour le vélo de Stybar, le world champion Crux. De plus, le rose allait très bien avec sa tenue de champion du monde, toute blanche. Nous espérions lier cette couleur à lui et par extension à son vélo et à Specialized. Ses supporters ont très vite arboré des drapeaux roses. Quand je dessine un vélo pour un pro, j’aime avoir une approche artistique et considérer tous les éléments qu'ils ou elles renvoient. Il faut prendre une position, construire une identité, comme une marque à travers le coureur, avec un logo particulier, cela fait partie du processus de réalisation.

 

 

As-tu réalisé d’autres modèles personnalisés comme le vélo de Contador ?

À la demande de Contador, j’ai travaillé sur le design de son vélo pour le Tour de France 2010. Il avait beaucoup d’exigences et de demandes, et près de 40 dessins lui ont été proposé. Pour finir, le designer personnel de Contador a créé le graphisme pour le vélo qu’il roule. C’est le cas de la plupart de ses designs…

 

J’ai aussi vu le vélo de contre-la-montre de Fabian Cancellara qui est juste fantastique !?

Merci ! J’étais vraiment content du résultat de celui-là. J’ai de bonnes bases en design suisse, et j’ai eu la chance de les mettre en pratique avec quelqu’un comme Fabian Cancellara. Afin d’utiliser la popularité du Tour de France, nous nous étions fixé cette date limite. J’ai travaillé à la main pour réaliser ce design à temps pour qu’il le voit et qu’il me donne un retour et ses remarques quand il est venu chez Specialized durant le Tour de Californie, en mars. Je sais que ça peut être très long d’en discuter avec un coureur, il a fallu récupérer un cadre sans peinture avec ses mesures et finalement peindre le vélo. Quatres pays et des milliers de kilomètres ont été impliqué dans le projet. Malheureusement, tout cela s’est perdu dans le rush d’avant le Tour et le design n’a jamais vu la lumière du jour ! ça a été une grande déception pour Fabian et moi-même.

 


J’ai aussi vu que tu as des vélos personnels au design incroyable ? 

Les vélos dont tu parles sont des vélos dont j’ai réalisé le design et que j’ai peint à la main. Le modèle bleu est celui que je roule au quotidien, et le vélo de piste noir, je l’utilise aussi assez souvent. J’ai commandé un cadre sans peinture dans notre usine et j’ai utilisé différentes méthodes et techniques pour appliquer la peinture et les graphismes. J’ai peint de nombreuses années comme graphiste en écriture et artiste de rue, et beaucoup de techniques et méthodes que j’utilise sur les vélos proviennent de cet univers. Les feutres, les pochoirs, les modulations de couleur. Il y a aussi des choses moins conventionnelles comme l’utilisation de feuille d’argent sur le vélo bleu. Les fleurs en argent sont en fait les restes du projet avec Contador, ces fleurs étaient en fait les balles du Pistolero ! Dans l’art, on ne gâche rien !

 

 

Quel genre de relations te lient au bike shop MASH, ils ont des composants de vélo très design… Et je peux voir le logo du shop sur ton vélo de piste ?

Je suis un des pilotes du film que nous avons réalisé en 2007. Nous avons aussi réalisé d’autres projets, comme par exemple inviter Lance Amstrong à rouler pour un film à Austin au Texas. Nous avons aussi roulé et filmé les 8 étapes du Tour de Californie sur nos vélos de piste. Je continue de travailler sur les graphismes de MASH. C’est un projet personnel et nous sommes cinq à mettre notre talent au service de ce travail collectif pour tous les aspects de la marque. Je voulais aider à construire MASH, comme une marques, à travers le graphisme des vélos, les tenues, des t-shirts… C’est un travail où nous pouvons créer en toute liberté. C’est le contre poids de mon travail quotidien, lequel est plus encadré.

 


J’ai vu sur ton instagram une photo d’un cadre peint aux couleurs de l’arc-en-ciel, quel est ce projet ?

C’est mon dernier projet personnel. Je travaille sur cette peinture à la maison, après le travail. Il s’agit de 9 couleurs à peindre dans ce design, et ça prend beaucoup de temps. La carte arc-en-ciel est en fait ce que les ingénieurs de l’industrie du cycle appelle les ‘’analyses de contraintes’’. elle montre de quelle façon le cadre se déforme dans des conditions de contraintes. Le rouge représente la zone la plus déformée, le bleu la moins. J’aimais beaucoup l’idée de raconter l’histoire du vélo, celle à l’intérieur, à travers une représentation graphique extérieur. C’est l’histoire de la technologie à travers un incroyable graphisme. Quand ce vélo sera fini, il sera équipé d’un groupe Campagnolo electrique. 

 


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